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11 janvier 2024

Accorder la priorité aux trains de passagers ferait une énorme différence sur le plan des déplacements ferroviaires

À la même période l’année dernière, ce qui a fait les manchettes à la fin de la période des Fêtes, ce sont les graves retards qui ont touché les déplacements dans l’ensemble des aéroports canadiens. Heureusement, cette année, les déplacements aériens ont été considérablement plus stables pendant la période des Fêtes, et la plupart des voyageurs ont pu éviter de graves retards. Cependant, l’autre grand secteur de l’industrie du voyage assujetti à la réglementation fédérale, soit le secteur ferroviaire, affiche encore un piètre rendement au chapitre de la ponctualité, et les retards fréquents causent des ennuis aux voyageurs. Cependant, un simple changement législatif pourrait rendre le transport ferroviaire beaucoup plus stable pour les voyageurs de l’ensemble du pays.

Taylor Bachrach, député de Skeena—Bulkley Valley, en Colombie‑Britannique, a présenté le projet de loi C‑371, Loi modifiant la Loi sur les transports au Canada (service ferroviaire de passagers). Le projet de loi vise tout simplement à modifier la Loi sur les transports au Canada afin qu’on accorde la priorité au train de passagers plutôt qu’aux trains de marchandises lorsqu’il y a un conflit touchant l’itinéraire, et qu’on impose des amendes pouvant s’élever jusqu’à 250 000 $ aux compagnies qui ne respectent pas cette exigence.

Le secteur du transport ferroviaire n’a pas connu ses meilleures années. VIA Rail Canada, la société d’État responsable des déplacements ferroviaires à l’échelle du pays, a indiqué que seulement 57 % de leurs trains étaient considérés comme ponctuels en 2022, comparativement à 72 % en 2021, et à une moyenne de 73,4 % depuis 2021. Ce résultat est attribuable notamment au fait que VIA Rail ne possède que très peu d’infrastructures ferroviaires, soit seulement 3 % des lignes ferroviaires qu’elle utilise, ce qui l’oblige à négocier des ententes avec des propriétaires ferroviaires comme Metrolinx, le CN et le CP pour utiliser leurs lignes ferroviaires.

Il y aura certainement une résistance de la part des compagnies ferroviaires qui pourraient devoir céder la voie aux passagers, mais il existe un précédent pour ce genre de réglementation. Aux États-Unis, il y a des mesures législatives en place depuis environ 50 ans déjà pour accorder la priorité aux trains de passagers d’AMTRACK plutôt qu’aux trains de marchandises. Le bilan d’AMTRACK au chapitre de la ponctualité est à peine meilleur que celui de VIA Rail, mais aux États-Unis, le problème semble être principalement attribuable à des lacunes en ce qui a trait à l’application de la loi par le département de la Justice, seul organe habilité à appliquer les dispositions législatives sur la priorité des trains d’AMTRACK.

Par ailleurs, M. Bachrach ne s’est pas contenté de présenter le projet de loi C‑371. En effet, lorsque la session parlementaire de l’automne s’est terminée, le 17 décembre, il a décidé de rentrer dans sa circonscription en prenant le train pour effectuer le trajet de 4 500 km entre Toronto et Smithers, en Colombie‑Britannique. M. Bachrach s’est rendu à destination avec seulement 20 minutes de retard, mais il a remarqué que ses trains avaient dû céder le passage à des trains de marchandises à des dizaines de reprises. Il a également remarqué que le voyage a duré en tout environ un jour de plus que la durée d’un trajet similaire il y a 50 ans, et que certains trains étaient de toute évidence presque au terme de leur durée de vie, y compris celui de la dernière étape de son voyage, mis en service dans les années 1950.

Bien qu’il ait fait bon voyage, les déplacements ferroviaires ne se déroulent pas toujours aussi bien. Évidemment, pour les voyageurs de l’ensemble du pays, l’idéal serait d’avoir des lignes réservées aux passagers, mais cela exigerait des investissements considérables dans les infrastructures ferroviaires. Le gouvernement poursuit des consultations sur l’établissement d’une ligne réservée aux passagers entre la ville de Québec et Toronto, mais, au mieux, elle ne serait terminée qu’au milieu des années 2030. Cela n’aiderait en rien les gens du Nord de l’Ontario, qui sont bien conscients des difficultés qui touchent l’accès aux lignes ferroviaires. Parmi les 11 escales prévues le long de la ligne Le Canadien de VIA Rail (qui assure la liaison entre Toronto et Vancouver), trois d’entre elles, y compris celle de Hornepayne, n’offre aucune installation permettant aux passagers d’attendre leur prochain train dans un espace intérieur.

Bon nombre de Canadiens veulent un mode de transport public fiable, sécuritaire et abordable, mais, compte tenu de la moyenne affichée par VIA Rail en 2022 sur le plan de la ponctualité, ils ne sont pas prêts à composer avec les 43 % de risque d’arriver en retard. Prendre des mesures pour accorder la priorité aux trains de passagers contribuerait à atténuer ces problèmes.