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17 juin 2022

Aéroports et passeports : un engorgement à la fois prévisible et évitable

Après les deux dernières années, les gens se préparent à parcourir le monde de nouveau. Il fallait s’attendre à voir bondir le nombre des voyageurs. Que les gens souhaitent aller rendre visite à leur parenté dans d’autres pays, assister à des réunions d’affaires à l’étranger, ou simplement prendre des vacances bien méritées, la demande pour les voyages a rarement été aussi élevée. Cependant, quelques goulots d’étranglement rendent l’expérience désagréable pour les voyageurs, dont l’anxiété est décuplée par les retards, les annulations et le chaos dans les aéroports.

Le premier problème majeur qui se pose aux voyageurs est le renouvellement de leur passeport. Sans surprise, dès que les voyages internationaux ont vraiment repris, Service Canada a été submergé de demandes de passeport. Bien qu’il ne s’agisse guère d’une bonne période de référence pour mesurer la demande normale, 363 000 passeports ont été délivrés entre le début d’avril 2020 et la fin de mars 2021. L’année suivante, 1 273 000 passeports ont été délivrés au cours de la même période, dont 75 % (960 000) dans les six derniers mois de la période. À cause de la demande refoulée, le volume explose cette année et pourrait atteindre de 3,6 à 4,3 millions de demandes de passeport cette année, selon les estimations de Service Canada.

L’existence de cette demande latente était évidente. Les voyageurs canadiens qui ont retardé leurs projets de voyage pendant la pandémie ont maintenant l’occasion de partir, de sorte qu’une hausse exponentielle du volume des demandes était à prévoir. Or, le gouvernement ne semble pas l’avoir vu venir et n’a pas accru les ressources en conséquence. Pour répondre à la demande, environ 600 personnes additionnelles ont été embauchées pour traiter les arriérés à Service Canada, et 600 autres ont été réaffectées au traitement des demandes de passeport, mais il aurait fallu corriger la situation avant l’afflux actuel.

La lenteur du traitement des demandes de passeport est considérable, mais elle ne se compare pas au chaos qui règne dans les aéroports. Dans les principaux aéroports du pays, l’attente se prolonge pendant des heures pour s’enregistrer et pour passer à la sécurité et aux douanes, surtout dans les plaques tournantes internationales comme l’aéroport Pearson. Selon, l’Association de l’industrie touristique du Canada, le contrôle des voyageurs par des agents gouvernementaux, aux douanes notamment, prenaient en moyenne 30 secondes par personne avant la pandémie. Ce chiffre a quadruplé pour atteindre deux minutes depuis le début de la pandémie. À cela s’ajoute la pénurie d’agents attribuable à des problèmes de recrutement et à la faible rémunération offerte par l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA).

Cette semaine, le gouvernement a annoncé la suspension de l’obligation d’être vacciné contre la
COVID-19 pour prendre l’avion vers une destination intérieure ou à l’étranger, mais toutes les exigences au retour de destinations étrangères, y compris en matière de dépistage et de quarantaine, demeurent en vigueur. Les ressortissants étrangers qui arrivent au Canada devront encore être vaccinés contre la COVID-19 pour être admis et utiliser l’application ArriveCAN afin d’éviter la quarantaine fédérale. Les nouvelles règles n’ont évidemment aucune incidence sur l’obligation vaccinale de pays étrangers tels que les États-Unis, qui exigent une preuve de vaccination pour entrer au pays.

Cette annonce est la bienvenue. Elle pourrait réduire l’engorgement dans les aéroports, mais elle n’éliminera pas complètement les longues files d’attente, les retards et les annulations. Le gouvernement savait que la réouverture de la frontière créerait des problèmes, et il était insensé de sa part de ne pas établir un plan clair pour rouvrir la frontière de manière sécuritaire et de façon à pouvoir faire face aux situations qui risquaient de survenir, comme le manque de personnel et les retards possibles. Les néo-démocrates pressent le gouvernement depuis le début de la pandémie de mettre sur pied un groupe de travail sur la sécurité à la frontière qui aurait établi des plans clairs pour la réouverture après la pandémie. Le gouvernement n’a pas écouté les gens comme le député de Windsor-Ouest Brian Masse, qui compte le poste frontalier le plus fréquenté au pays dans sa circonscription et qui ne sait que trop bien que l’assouplissement des restrictions frontalières ne se fait pas en criant lapin.

Le gouvernement doit indiquer très clairement comment il compte remédier à ces retards et à ces perturbations et être transparent quant à la manière dont se prennent les décisions relatives aux mesures de santé publique. Il doit également travailler avec les employés de l’ACSTA pour rationaliser leur travail et les rémunérer équitablement. Sinon, notre industrie du voyage et du tourisme continuera de pâtir.