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30 janvier 2023

Il faut cesser la privatisation des soins de santé

À l’heure actuelle, le précieux système public de soins de santé du Canada est particulièrement tendu. Les hôpitaux sont surchargés, les listes d’attente pour les opérations sont longues, certaines salles d’urgence ont fermé leurs portes en raison des temps d’attente et les niveaux de dotation nécessaires ne correspondent pas à la demande. Bernie Robinson, le président par intérim de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario, a récemment déclaré qu’il manque 25 000 infirmières et infirmiers dans cette province seulement.

Le gouvernement fédéral doit absolument cesser de traîner les pieds lorsqu’il s’agit de répondre aux besoins des provinces et des territoires en matière de soins de santé pour s’assurer que les soins de santé financés par l’État sont en mesure de composer avec la pression actuelle. Cette problématique a suscité des discussions constantes depuis plus d’un an, lorsque les premiers ministres des provinces et territoires ont demandé au premier ministre du Canada, en termes clairs, de s’asseoir avec eux pour conclure une nouvelle entente sur la prestation des soins de santé. Bien qu’il y ait une indication positive qu’une nouvelle entente sur les soins de santé est en cours d’élaboration, des préoccupations subsistent quant à l’incapacité du gouvernement à défendre notre système de santé publique.

L’un des problèmes les plus importants en lien avec la crise des soins de santé à laquelle notre pays est confronté est la normalisation lente de la privatisation de certaines parties de notre système de santé au nom de la « rationalisation » des services, principalement de la part des premiers ministres conservateurs. Récemment, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a élargi la prestation privée de soins de santé publics en finançant des cliniques privées pour qu’elles offrent des services de santé essentiels comme les IRM et les tomodensitogrammes, les coloscopies, les opérations de la cataracte et les arthroplasties de la hanche et du genou. Cette mesure est contestée par cinq grands syndicats de la santé de l’Ontario : le Syndicat canadien de la fonction publique, l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario, le Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario, le Service Employees International Union Healthcare et Unifor. En Alberta, la première ministre, Danielle Smith, a évoqué la possibilité d’un « compte de dépenses en soins de santé », mais les détails de cette proposition sont pour le moment limités. Dans son discours du Trône de novembre, la première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, a indiqué qu’elle envisagerait d’utiliser davantage de partenariats privés pour offrir des soins de santé.

Pourtant, ce ne sont pas les seuls domaines où les services de santé sont menacés par la privatisation. Maple, une entreprise ontarienne financée en partie par Loblaws, offre aux gens la possibilité de consulter virtuellement un omnipraticien pour 69 $ par visite, ou des frais d’utilisation mensuels de 30 $. Habituellement, une entreprise ne peut pas facturer des services de santé offerts en vertu de l’Assurance-santé de l’Ontario ou d’une autre assurance maladie provinciale, car cela contreviendrait directement à la Loi canadienne sur la santé. Toutefois, certaines entreprises contournent cette situation en mettant les clients en contact avec des omnipraticiens ou des infirmiers praticiens à l’extérieur de leur province de résidence, une situation qui n’est pas couverte par l’assurance provinciale et qui, par conséquent, ne contrevient pas techniquement à la Loi canadienne sur la santé. Santé Canada s’est dit « préoccupé » par Maple, mais l’entreprise respecte techniquement la loi. Lorsque nous permettons à des entreprises comme celles-ci de facturer l’accès aux services de soins de santé essentiels, nous encourageons la lente progression vers un système de soins de santé à deux niveaux.

Alors que les discussions sur le financement supplémentaire des soins de santé entre le gouvernement fédéral et ses homologues provinciaux se poursuivent, nous devrions nous attendre à voir une forme d’accord sur ce sujet au cours des prochains mois qui donnera à notre système de soins de santé en difficulté une injection de fonds dont il a grandement besoin. Cependant, tout accord devrait contenir une mise en garde claire contre la privatisation des services de santé, qui devrait être inacceptable. Les cliniques à but lucratif cannibalisent les infirmières et infirmiers de la santé publique et les autres membres du personnel qui travaillent en première ligne, mais qui ne sont trop souvent pas rémunérés adéquatement pour leur travail.

Le gouvernement fédéral doit s’assurer qu’il respecte ses obligations en matière de soins de santé en vertu de la Loi canadienne sur la santé, ce qui comprend un financement approprié et stable aux provinces. Il ne faut pas laisser la porte ouverte à la privatisation des services de santé qui nous pousse plus loin vers le système américanisé payant qui encombre trop souvent la population de dettes importantes pour payer les services de santé dont elle a besoin. Il faut du financement, mais il faut aussi qu’il y ait des critères afin d’assurer que les soins de santé publics ne soient pas démantelés à petit feu.