Canada's NDP

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4 juin 2021

Il ne peut y avoir de processus de guérison sans justice

La découverte de 215 enfants enterrés près de l’ancien pensionnat indien de Kamloops a touché les Canadiens, qui ont passé une semaine chargée d’émotion, accablés par la triste vérité sur leur passé. Ce n’était pas la première fois que nous entendions parler d’enfants enterrés à ces écoles dans des sépultures non marquées. Cependant, leur découverte confirme bien la nécessité de répéter les travaux d’excavations aux endroits où se trouvent les autres anciens pensionnats au pays.

Il serait tentant de penser que cette histoire représente les sensibilités d’une autre époque, mais le gouvernement du Canada continue de perturber et de maltraiter les enfants des Premières Nations. Alors même que nous réagissons à cette découverte, il continue de se battre contre eux dans le cadre de procédures judiciaires pour tenter de se soustraire au règlement accordé par le Tribunal des droits de la personne en raison de la qualité inadéquate des services d’aide qui leur sont offerts. En même temps, les avocats du gouvernement se battent devant les tribunaux contre les survivants du pensionnat de Sainte-Anne, où les élèves étaient torturés et soumis à d’horribles châtiments, y compris la chaise électrique. Dans les deux cas, le gouvernement dépense des millions de dollars en frais juridiques pour éviter de leur verser un dédommagement, ce qui démontre que les limites de la compassion officielle peuvent ne pas s’étendre au-delà des pensées et des prières.

Malheureusement, ce n’est pas la première fois que nous trouvons les restes d’enfants à proximité de pensionnats indiens. Selon les responsables de la Commission de vérité et de réconciliation (CVR), de 40 à 60 % des enfants qui fréquentaient ces établissements mouraient. Leur décès était entre autres attribuable à des incidents au cours desquels ils ont été délibérément exposés à des infections telles que la tuberculose, puis encouragés à propager la maladie dans l’école. Un tel témoignage a conduit le juge Murray Sinclair, membre de la Commission, à déclarer qu’il estimait que le nombre de morts pourrait être beaucoup plus élevé, en raison de la piètre qualité des actes de décès des enfants. Chose certaine, les membres de plusieurs familles sont toujours à leur recherche et ils méritent qu’on leur donne des réponses.

Nous en sommes rendus à un point critique du processus de réconciliation. Les membres des Premières Nations, les survivants, les Aînés, les chefs, les responsables du Centre national pour la vérité et la réconciliation et d’autres intervenants demandent que des mesures soient prises pour permettre d’affronter l’histoire et de tourner la page. Les familles et les communautés discutent de cette question importante, et la Chambre des communes en fait autant. En plus de la tenue d’un débat spécial, le 1er juin, les néo‑démocrates ont profité de leur dernier jour désigné au Parlement pour approfondir le sujet.

Il est impératif de donner suite aux recommandations de la CVR. Jusqu’à maintenant, seuls 10 appels à l’action sur les 94 ont été remplis depuis que le rapport a été déposé, en 2015. S’il le souhaitait, le gouvernement pourrait répondre immédiatement à six appels importants à cet égard.

Il s’agit des appels 71 à 76, relativement à ce qui suit :

Recueillir les documents sur le décès d’enfants autochtones dont les autorités des pensionnats indiens avaient la garde, et financer la tenue à jour du registre national de décès des élèves de ces pensionnats; demander aux responsables des églises et des communautés autochtones ainsi qu’aux anciens élèves d’établir et de gérer un registre en ligne des cimetières des pensionnats; travailler en collaboration avec les responsables des églises et les familles des enfants qui sont décédés dans les pensionnats pour les informer de la mort de chaque enfant et répondre aux souhaits de ces familles de tenir des cérémonies et des événements commémoratifs appropriés et de procéder, à l’inhumation des enfants dans leur collectivité d’origine, comme celles-ci le demandent; collaborer avec tous les intervenants pour mettre en œuvre des stratégies permettant de repérer, de documenter, d’entretenir, de commémorer et de protéger les cimetières et les autres lieux où des enfants ont été inhumés; veiller à ce que les travaux effectués soient chapeautés par la communauté autochtone la plus touchée, à demander des renseignements aux survivants et aux gardiens du savoir lors de l’élaboration des stratégies, et s’assurer que les protocoles autochtones soient respectés avant toute inspection technique d’un site pouvant être envahissante.

Actuellement, la population s’efforce de comprendre davantage l’histoire des pensionnats, alors que les survivants et les familles revivent l’histoire d’horreur de ce qui s’y est produit. Cette histoire nous force à envisager le fait que ces écoles n’étaient pas vraiment des pensionnats, mais des institutions conçues pour éliminer et éradiquer les Autochtones, tant sur le plan culturel que physiquement. Cela en fait des instruments de génocide.

De plus, nous en sommes venus au point où il ne suffit pas de dire que nous leur offrons nos condoléances. C’est pourquoi nous devons exiger la réparation des injustices et lutter pour un avenir fondé sur les droits de la personne, ainsi que sur le respect des droits issus des traités, de la justice et de la dignité inhérente aux Autochtones.