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6 mai 2022

La levée longtemps attendue de l’interdiction à donner du sang

La semaine dernière, Santé Canada a enfin levé les obstacles qui empêchaient les hommes homosexuels et bisexuels ainsi que les femmes transgenres de donner du sang et du plasma par l’intermédiaire de la Société canadienne du sang. Les groupes de défense des droits des personnes 2SLGBTQI+, les regroupements du domaine des soins de santé et les représentants de la Société canadienne du sang eux‑mêmes souhaitaient voir cette politique abrogée, mais cela ne pouvait se faire sans l’approbation expresse de l’autorité réglementaire compétente, Santé Canada. Le Ministère ayant finalement approuvé la demande visant à éliminer la période d’exclusion de trois mois, cette politique discriminatoire va enfin prendre fin, et plus de gens que jamais pourront donner du sang et sauver des vies.

La politique qui empêchait les dons de sang faits par des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (ou HARSAH, selon le vocabulaire de la Société canadienne du sang) a été instituée en 1992, à la suite du scandale du sang contaminé. Ce scandale a également donné lieu à la Commission d’enquête sur l’approvisionnement en sang au Canada, également connue sous le nom de Commission Krever. Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, la Commission Krever a été créée en 1993, après que l’on eut constaté que, dans les années 1980, environ 30 000 Canadiens avaient été infectés par l’hépatite C, et 2 000 autres par le VIH, parce que la Croix‑Rouge canadienne n’avait pas testé et sélectionné adéquatement les dons de sang. La Société canadienne du sang et Héma‑Québec ont été créées en 1998, par suite des travaux de la Commission Krever.

L’interdiction de 1992 qui empêchait les HARSAH de donner du sang a été progressivement assouplie au fil des ans. En 2013, l’interdiction à vie de donner du sang et du plasma a été réduite à une interdiction de cinq ans. En 2016, l’interdiction de cinq ans a été ramenée à un an et, finalement, la durée de la période d’exclusion est passée à trois mois. La Société canadienne du sang s’est appuyée sur des données internationales, une modélisation des risques propres au Canada et des années de recherche pour démontrer que le fait d’autoriser les HARSAH à donner du sang ou du plasma ne fait peser aucun risque supplémentaire sur l’approvisionnement en sang. En fait, grâce à des tests appropriés et à des lignes directrices rigoureuses, le Canada dispose aujourd’hui d’un des systèmes d’approvisionnement en sang les plus sûrs au monde, et pas une seule infection par l’hépatite C ou le VIH n’a été transmise par transfusion depuis la création de la Société canadienne du sang en 1998.

La modification de la politique fait en sorte que le processus de sélection passe d’un processus fondé sur l’identité à un processus fondé sur le comportement. Cela correspond à la position adoptée par les néo‑démocrates dès 2014, année où nous avons présenté pour la première fois une motion visant à supprimer l’interdiction de donner du sang. Et bien que les libéraux aient promis ce changement dans leur programme de 2015, ce n’est que cette année qu’ils ont finalement levé l’interdiction. Il n’a jamais été envisagé de faire de l’interdiction de donner du sang une question politique, et des députés de tous les partis ont demandé qu’elle soit levée.

A L’heure actuelle, 17 pays, dont l’Italie, l’Espagne et l’Argentine, n’ont pas de période d’exclusion. La Société canadienne du sang a clairement fait savoir que la levée de l’interdiction n’aurait aucune incidence sur la sûreté de l’approvisionnement en sang et en plasma et qu’elle fera en sorte qu’une partie importante de la population pourra faire des dons à son gré – ce qui constitue un gain évident sur le plan de l’approvisionnement et vient battre en brèche une politique discriminatoire.

Le questionnaire de sélection sera axé sur les comportements sexuels à risque adoptés par n’importe quel donneur, indépendamment de son sexe et de son orientation sexuelle. D’autres questions liées au comportement, qui étaient posées antérieurement, seront maintenues, comme celles qui concernent la consommation de drogues injectables, les voyages et la prise de médicaments sur ordonnance. Cette approche, qui se fonde sur les modélisations de données les plus récentes, garantit que le processus de sélection empêche que du sang contaminé se rende jusqu’aux réserves de sang, tout en ouvrant les portes à un plus grand nombre de donneurs potentiels qui n’adoptent pas de comportements à haut risque. La Société canadienne du sang continue de tester les dons de sang pour dépister d’éventuelles maladies sanguines, ce qui garantit que les réserves de sang demeurent saines.

Ce n’est toujours pas encore un modèle parfait, mais il s’agit d’un pas dans la bonne direction, puisqu’il ne punit personne arbitrairement en raison de son genre ou de son identité sexuelle. Il est important que nous continuions de nous fonder sur les données pour protéger nos réserves de sang et prévenir les pratiques discriminatoires. Les exclusions décrites ci‑dessus, même celles qui se fondent sur le comportement, risquent encore d’être plus préjudiciables aux personnes 2SLGBTQI+ qu’aux autres personnes. Il est important que nous continuions à ancrer la sécurité de l’approvisionnement en sang dans la science et, à mesure que les données évoluent, que les méthodes que nous utilisons pour sélectionner les donneurs en toute sécurité évoluent également.