Canada's NDP

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8 janvier 2021

La prévoyance peut-elle devenir une ambition politique?

Un jour viendra où des historiens se pencheront sur les événements qui ont façonné la pandémie de la COVID-19; c’est alors qu’ils établiront le lien entre la capacité d’intervention du Canada, ses coupes budgétaires et ses mesures de privatisation. Au cours des années, voire des décennies qui ont précédé la pandémie, nous avons priorisé les lois du marché pour gagner en efficacité, au détriment de notre capacité à intervenir rapidement. Ainsi, lorsque nous avons voulu puiser dans nos réserves d’équipements de protection individuelle (EPI), justement censées couvrir de telles situations, nous nous sommes retrouvés devant des tablettes vides. Cela se reflète d’ailleurs dans notre incapacité à produire des vaccins; les gouvernements ayant conclu que les marchés pouvaient mieux répondre à la demande, ils ont fini par privatiser notre tout dernier fabricant.

Le Canada ne fait pas exception. Depuis la chute du rideau de fer à la fin de la Guerre froide, il semble que le monde et les gouvernements ont perdu tout sens de la prévoyance pour parer à d’éventuelles urgences. Avec les années, on a plutôt privilégié l’équilibre budgétaire et les mesures d’austérité. Et bien que nous ayons perdu toute notre capacité à produire nos propres vaccins il y a de cela quelques décennies, les défis d’approvisionnement en EPI que nous avons dû affronter découlent quant à eux de décisions beaucoup plus récentes.

Les entreprises canadiennes peuvent bien participer à la recherche de vaccins efficaces, il n’en demeure pas moins nécessaire de se tourner vers l’étranger pour être en mesure de les produire. Notre gouvernement se cachait derrière un faux sentiment de sécurité depuis l’abandon de son dernier fabricant de vaccins, Connaught Labs. Ce dernier fonctionnait de manière indépendante jusqu’à ce que le gouvernement Mulroney le privatise et le vende à des intérêts étrangers. Les gouvernements qui lui ont succédé ne s’en sont pas vraiment préoccupés puisqu’il restait plutôt facile de s’approvisionner en vaccins courants à l’étranger. Or, maintenant plus que jamais, nous pouvons constater tout l’intérêt de la production nationale.

Les problèmes d’approvisionnement en EPI sont plus récents. Le Canada avait en effet sa propre réserve : nous en avons laissé une partie se détériorer, tandis qu’une autre a été envoyée à l’étranger au début de la pandémie. Or, nous étions mieux préparés pour l’éclosion du SRAS en 2003. Cette fois, les restrictions budgétaires des dernières années ont fait en sorte que notre réserve d’ÉPI, une fois périmée, n’a pas été renouvelée. Et peut-être même pire, le gouvernement a fait parvenir 16 tonnes d’EPI à la Chine alors qu’on pensait la COVID-19 contenue dans ses frontières.

Malgré tout, la pénurie d’EPI semble avoir été un problème plus simple à gérer. En à peine quelques semaines, les manufacturiers ont su assurer la production de l’équipement dont nous avions tant besoin. Cela dit, les travailleurs paramédicaux ont eu du mal à s’approvisionner en masques cet été, et une certaine confusion demeure quant aux solutions de remplacement valables à l’inégalable masque N-95. On se questionne également sur les chaînes de production qui ont été mises en place et qui demeurent inexploitées par l’approvisionnement gouvernemental. Et pour ce qui est de la production d’un vaccin, la solution n’est pas si simple.

Les néo-démocrates exhortent donc le gouvernement à rétablir une production nationale de vaccins et d’autres médicaments essentiels. L’objectif : s’assurer de protéger plus rapidement les Canadiens et les Canadiennes, dès maintenant et dans l’éventualité d’autres crises sanitaires. Et pour y arriver, nous croyons que la solution réside dans la création d’une société d’État. L’abandon de Connaught Labs était motivé par le fait que son modèle d’affaires – un legs de ses origines universitaires – n’était pas concurrentiel. C’est ainsi que l’intérêt de la santé publique est passé en second, derrière les lois du marché. Il en va de même des décisions qui ont mené à la disparition de nos réserves d’EPI alors que nous en aurions eu besoin. Force est de constater que le marché ne suffit pas toujours à répondre à nos besoins. Les scientifiques nous mettent en garde : à l’avenir, la probabilité de faire face à des pandémies sera croissante. Tiendrons-nous compte de cet avertissement? Cette expérience nous aura montré que toute chose a un coût, et qu’il y a un prix à payer lorsque nous négligeons d’investir dans notre capacité de produire des vaccins au pays ou dans la reconstitution de nos réserves d’EPI.