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28 mai 2021

La santé et les soins oculovisuels : une priorité

Selon une enquête menée en 2016, la santé oculaire n’est guère une préoccupation importante aux yeux de la plupart des parents, même si la perte de la vision est l’invalidité que les Canadiens redoutent le plus. Cette contradiction est un bon exemple de la nécessité d’améliorer la perception qu’ont les Canadiens et leurs gouvernements des soins de la vue, un objectif qui, de l’avis des optométristes, est facilement atteignable.

Pour ce faire, l’un des moyens proposés est l’adoption d’une stratégie globale pour encadrer les efforts des gouvernements, des professionnels de la santé, des organisations non gouvernementales, de l’industrie et des particuliers qui jouent un rôle dans la promotion de la santé oculaire, la prévention de la perte de la vision et la recherche dans le domaine de la santé oculaire. Avec l’aide de l’Association canadienne des optométristes, j’ai déposé une motion au Parlement demandant la création d’une stratégie nationale de santé et de soins oculovisuels pour améliorer la situation des particuliers, grâce notamment à la coordination des efforts à l’échelle nationale, à l’amélioration du financement et de l’évaluation, à un accès aux soins et aux médicaments et à la sensibilisation du public par l’entremise d’une campagne d’information.

Plusieurs bonnes raisons justifient d’adopter une stratégie cohérente à cet égard, notamment le fait que 75 % des pertes de la vision peuvent être évitées ou traitées si elles sont détectées à un stade précoce. De plus, tous les segments de la population canadienne rencontrent des obstacles en matière de santé et de soins oculovisuels, mais les plus vulnérables (enfants, personnes âgées et Autochtones) sont plus susceptibles de s’y heurter.

Selon de récentes recherches, près d’un enfant sur quatre souffre d’un problème de vision qui nuit à son éducation ou même à sa pratique d’un sport ou des arts. Cependant, bien souvent, il est difficile de cerner le problème, surtout chez les jeunes enfants, qui sont par nature des apprenants visuels. D’ailleurs, si les enfants ont toujours vécu avec leur problème de vision, ils ne savent pas que leur perception du monde est différente. Or, s’ils n’ont pas accès aux soins appropriés, ils peuvent éprouver de la difficulté à lire ou même adopter des comportements qui s’apparentent à d’autres troubles, comme le TDAH. Ils peuvent également rencontrer des difficultés dans leurs jeux, lorsque certains gestes simples, comme lancer ou attraper des objets, sont plus difficiles, voire impossibles, en raison de problèmes de vision qui peuvent pourtant être corrigés.

En outre, dans le Nord, les petites collectivités rencontrent souvent des enjeux uniques en leur genre. Les Premières Nations, plus particulièrement, ont parfois de la difficulté à avoir accès à des soins appropriés en raison de multiples obstacles : transport inadéquat, contraintes financières, manque d’options de soins locales, etc. Cela explique en partie les raisons pour lesquelles, selon des recherches menées avant la pandémie, jusqu’à un tiers des Autochtones n’ont pas passé d’examen de la vue au cours des deux années précédentes.

Pourtant, nous savons que ces collectivités sont à risque, car un nombre important d’enfants autochtones portent leurs lunettes de façon non conforme ou souffrent d’astigmatisme élevé ou de vices de réfraction non corrigée. De plus, le pourcentage croissant d’Autochtones qui vivent avec le diabète, un risque accru de perte de la vision, ne fait qu’aggraver le problème.

Le nombre de Canadiens qui vivent avec un trouble oculovisuel qui menace leur vision devrait augmenter de 29 % au cours de la prochaine décennie. Nous serons donc bientôt confrontés à un défi auquel il vaut mieux se préparer. L’Association canadienne des optométristes a trouvé des solutions pour éviter les pires scénarios grâce à une stratégie nationale de santé et de soins oculovisuels, que j’ai eu l’honneur de déposer en motion au Parlement. Cette stratégie tient compte de la nécessité d’une intervention multipartite et propose d’établir un bureau de la santé oculaire au sein de l’Agence de la santé publique du Canada, qui serait chargé de coordonner les efforts en travaillant avec les provinces et les territoires sur des stratégies de santé et de soins oculovisuels et la pleine intégration de thérapies de réadaptation suivant la perte de la vision dans le continuum des soins de santé. Ainsi, moins de personnes passeraient entre les mailles du filet et les soins de base seraient facilement accessibles à ceux qui en ont besoin, ce que la plupart des Canadiens appuieront, j’en suis certaine.