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30 avril 2021

L'art populaire envoie un message fort à l'occasion de la Journée de la robe rouge

Si vous voyez une robe rouge suspendue dans un espace public, vous êtes témoin d’un véritable mouvement populaire, le projet REDress. Né de l’imagination de l’artiste visuelle Jamie Black, le projet REDress s’inspire d’une action politique dont l’artiste a été témoin en Colombie en 2010. Cette année-là, elle a vu un groupe de femmes portant des robes rouges manifester pour des membres de leur famille « disparus », les « disparitions » étant une caractéristique constante du conflit armé qui fait rage depuis des décennies dans ce pays.

Mme Black a reconnu le parallèle entre ces femmes colombiennes et les familles des femmes autochtones disparues et assassinées au Canada. C’est aussi à cette époque que la Commission de vérité et de réconciliation commençait à organiser des activités dans tout le pays. Le projet s’inscrivait parfaitement dans l’esprit de l’époque et a rapidement dépassé les installations de Mme Black, volant de ses propres ailes dans les espaces publics et sur les médias sociaux.

Depuis sa création, j’ai été plus qu’impressionnée par l’énergie et la détermination que suscite le projet REDress. Cette campagne importante et symbolique se sert d’un simple objet pour transmettre de nombreux concepts et de fortes émotions. Aujourd’hui, le projet sert également à amplifier d’autres voix qui ont été marginalisées, notamment celles des personnes bispirituelles, lesbiennes, gays, trans, bisexuelles, queer, en questionnement, intersexuées et asexuées, qui ont été confrontées à des comportements discriminatoires et violents semblables.

Le projet dépasse également nos frontières, puisqu’on voit aussi des robes rouges suspendues un peu partout aux États-Unis, où la situation des femmes et des filles autochtones n’est pas plus enviable que chez nous. En effet, dans ce pays, le taux d’assassinat de femmes autochtones est 10 fois supérieur à la moyenne nationale. Compte tenu de la longue histoire des États-Unis, il est incroyable de constater que l’administration actuelle est la première à compter dans ses rangs une Autochtone, Deb Haaland, qui occupe le poste de secrétaire à l’Intérieur. Celle-ci a récemment annoncé que les États-Unis allaient mettre en place une unité spéciale pour enquêter sur les femmes autochtones disparues et assassinées.

Au Canada, nous avons entrepris une Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, dont le rapport a été publié il y a quelques années à peine, en 2019. L’héritage de ce travail peut être lié au travail de la Commission de vérité et de réconciliation et peut représenter un véritable tournant pour notre pays. Le site Web de la Commission nationale d’enquête est une mine d’informations et comprend une galerie d’expression artistique qui présente un éventail incroyable de talents et de multiples œuvres liées à la perte et au phénomène des femmes autochtones disparues et assassinées.

En visitant la galerie, je me suis souvenue du travail de Christie Belcourt, une résidente d’Espanola. Déjà reconnue comme une artiste talentueuse, elle est la créatrice et la coordinatrice principale de Walking With Our Sisters, une installation artistique de 2012 commémorant les femmes autochtones disparues et assassinées du Canada et des États-Unis. Comme l’œuvre de Mme Black, ce projet a fait le tour de l’Amérique du Nord avec l’aide de militants locaux et continue d’inspirer l’action.

L'ingéniosité du projet REDress réside en partie dans sa simplicité et l'utilisation de la robe comme motif s'est certainement développée au point que nous marquons maintenant une journée de la robe rouge le 5 mai. En 2018, ce vêtement a été au cœur de la création de la campagne Lil’ Red Dress, qui vendait des épingles en forme de robe rouge pour collecter des fonds destinés à couvrir les coûts de fabrication et d’installation d’affiches des personnes disparues sur l’île de Vancouver. Les robes se manifestent aussi dans des ouvrages de perles, des peintures, des photographies et d’autres formes d’expression artistique.

En accrochant des robes rouges dans des espaces publics, nous pouvons mettre la société au défi d’accepter la réalité de la violence, sans pour autant la laisser nous définir. En un sens, ces robes invalident la permission des agresseurs et reconquièrent les espaces publics, une robe à la fois. Il s’agit d’une étape importante de notre voyage vers la réconciliation, qui passe nécessairement par la compréhension.