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20 mai 2022

Le prêt de 10 milliards qu’ottawa accorde à trans mountain met la hausse du coût de la vie et la lutte contre les changements climatiques sur la touche

La semaine dernière, le gouvernement a consenti à un prêt garanti de 10 milliards de dollars pour le projet d’expansion du réseau Trans Mountain. Or, ce prêt entre carrément en contradiction avec ce que disait la ministre des Finances en février dernier : « Aucun fonds public supplémentaire ne sera investi dans la TMC [Trans Mountain Corporation]. La TMC obtiendra plutôt le financement nécessaire pour achever le projet auprès d’un tiers, soit sur le marché de la dette publique ou auprès d’institutions financières. »

Dans la mesure où il s’agit d’un prêt garanti par le Fonds canadien par l’intermédiaire d’Exportation et développement Canada, la déclaration de la ministre des Finances sonne faux. En l’occurrence, Trans Mountain est l’emprunteur et le gouvernement est le prêteur. Les contribuables ne s’en tirent donc à bon compte que tant que Trans Mountain rembourse le prêt. En cas de défaut de paiement, puisque le prêt est garanti par le gouvernement, ce sont les contribuables qui devront payer la note. En somme, c’est le public qui assume les risques financiers associés à la construction de cette infrastructure, alors que les sociétés pétrolières engrangeront les profits lorsque le projet sera terminé.

Il n’est pas étonnant que le gouvernement ait emprunté cette voie. Cette annonce survient à peine un mois après que le gouvernement a donné son aval au mégaprojet Bay du Nord, d’une valeur de 12 milliards de dollars. Alors que les libéraux aiment dire qu’ils se soucient des changements climatiques, les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat disent pourtant que, pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius, nous devons réduire considérablement les émissions de carbone. Ces rapports illustrent clairement que nous n’avons encore que très peu de temps pour réduire nos émissions de carbone et que, dans la mesure où l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre au Canada est la production de pétrole, l’injection supplémentaire de fonds publics dans le but d’accroître la production est carrément le contraire de ce qui doit être fait.

Les sociétés pétrolières et gazières exploitent les consommateurs et font des profits records. Le gouvernement fournit à ces sociétés des derniers publics dont ils n’ont pas besoin. Les profits qu’Imperial Oil a réalisés au trimestre dernier sont ses plus élevés en 30 ans. Au premier trimestre de 2022, les profits de Cenovus étaient sept fois plus élevés (1,6 milliard de dollars) qu’au même trimestre l’an dernier (220 millions de dollars). Les bénéfices de Suncor ont triplé au cours de la même période : de 821 millions de dollars au premier trimestre de 2021, ils sont passés à 2,95 milliards de dollars au premier trimestre de 2022. Les Canadiens contribuent déjà aux profits faramineux des sociétés pétrolières et gazières en payant l’essence au moins deux dollars le litre. Ils n’ont pas besoin d’y contribuer encore par des subventions gouvernementales et des prêts garantis.

De son bord, le NPD presse activement le gouvernement d’éliminer les subventions aux énergies fossiles qui aident – aux frais des contribuables – des sociétés déjà extrêmement rentables. Cette semaine, nous avons présenté une motion qui demandait l’annulation de toutes les subventions aux énergies fossiles d’ici la fin de l’année. Nous voulions que les crédits affectés à ces subventions servent plutôt à doubler le crédit de TPS et à augmenter l’Allocation canadienne pour enfants de 500 $ pour tous les prestataires. Les familles ont visiblement du mal à joindre des deux bouts ces temps-ci. Il est temps d’apporter un soutien financier aux familles et aux Canadiens à faible revenu. Les personnes à faible revenu et de la classe moyenne toucheraient ainsi de 500 $ à 1 000 $, ce qui les aiderait à payer leurs factures alors que le taux d’inflation n’a jamais été aussi élevé depuis 1991. Cette solution n’est pas parfaite, mais elle permettrait au moins d’alléger le fardeau financier des personnes qui sont le plus touchées par l’augmentation du coût de la vie, tout en éliminant l’aide versée à une industrie qui n’en a manifestement pas besoin.

Les libéraux et les conservateurs se sont encore en fois ligués pour voter contre une solution sensée qui aiderait les Canadiens à payer leurs factures. On ne peut certes pas s’attendre à ce que les conservateurs s’opposent au lobby pétrolier, mais ce que font concrètement les libéraux pour lutter contre les changements climatiques ne correspond pas à ce qu’ils disent. Ils prétendent vouloir atteindre la carboneutralité d’ici 2050, mais ils achètent des pipelines et financent une technologie de captage du carbone qui n’a pas fait ses preuves. Ils disent vouloir éliminer les subventions aux énergies fossiles d’ici 2023, mais ils votent contre une motion qui propose de le faire, ils financent de nouveaux projets pétroliers et gaziers et ils garantissent des prêts à l’industrie pétrolière. Ils promettent depuis des années une mesure législative pour assurer une transition équitable, mais ils n’ont pas encore présenté de mesures favorisant la transition des travailleurs de l’industrie pétrolière et gazière vers une économie axée sur l’énergie propre.

Nous devons de toute urgence nous employer à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce serait avantageux pour tous. Nous pourrions ainsi réduire le coût de l’énergie et rendre l’environnement plus sain. Pour cela, toutefois, il faut la volonté politique nécessaire. Les mots ne suffisent pas : il faut des mesures concrètes.