Canada's NDP

NDP

21 février 2023

Le redécoupage des circonscriptions en Ontario réduit la représentation dans le Nord

À la fin de la semaine dernière, la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour la province de l’Ontario a publié son rapport définitif. Comparativement à la proposition soumise à la fin de l’été dernier, ce rapport contient d’importants changements qui tiennent compte de l’excellent travail abattu par des dirigeants municipaux, des Premières Nations et des citoyens touchés afin d’établir la carte électorale. Toutefois, le problème fondamental du redécoupage demeure dans le Nord : le nombre de circonscriptions passe de dix à neuf et les collectivités rurales sont regroupées avec des grands centres, d’où une représentation réduite au Parlement.

Les circonscriptions dans le Nord ont été redécoupées, mais l’aberration manifeste dans ces changements est notre circonscription d’Algoma—Manitoulin—Kapuskasing. Selon la proposition définitive de la Commission, cette circonscription disparaît entièrement. Ses habitants seront intégrés à de nouvelles circonscriptions avec de plus grands centres. Ceux qui habitent du côté est du corridor de la route 17 ou à proximité de celui-ci (ce qui comprend l’île Manitoulin), jusqu’à Walford, feront partie de la circonscription de Manitoulin—Nickel Belt. Ceux qui se trouvent à l’ouest, de Spanish à l’île St. Joseph jusqu’à White River au nord, feront partie de la circonscription de Sault Ste. Marie—Algoma. Ceux qui se trouvent au nord, le long de la route 11, ainsi que ceux qui se trouvent à Chapleau, à Sultan et à Foleyet feront partie de la nouvelle circonscription de Kapuskasing—Timmins—Mushkegowuk. Ces changements sont axés sur la croissance de la population, selon les données du recensement. La croissance de la population dans le Nord de l’Ontario n’a pas stagné au cours des dix dernières années : elle n’a tout simplement pas été aussi rapide qu’ailleurs dans la province.

Les citoyens n’ont pourtant pas épargné leurs efforts pour préserver le nombre de circonscriptions dans le Nord. D’après le rapport, de grandes inquiétudes ont été exprimées dans les régions où les circonscriptions étaient visées par d’importants changements, en particulier dans le Nord de l’Ontario : « 49 des municipalités du Nord de l’Ontario qui ont adopté des résolutions relativement au plan de redécoupage proposé y ont joint une pétition adressée au gouvernement fédéral, qui réclame le dépôt d’un projet de loi garantissant un nombre minimal de circonscriptions dans le Nord de l’Ontario, afin de s’assurer que les voix des communautés rurales et du Nord sont entendues. » Il s’agit de mesures impressionnantes prises par des municipalités et des citoyens préoccupés, mesures qui ne sont pas passées inaperçues. Toutefois, dans son rapport, la Commission mentionne que l’objet de ces recommandations ne relève pas de son mandat et dépasse les délais prescrits par la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales.

La perte d’une circonscription dans le Nord de l’Ontario est problématique, puisque les collectivités compteront un représentant de moins au Parlement et un vote de moins à la Chambre des communes lorsqu’il est question d’enjeux importants pour les gens du Nord. Un bureau de député constitue pour ces derniers une porte d’accès aux services fédéraux (p. ex. passeport, immigration, Agence du revenu du Canada), en particulier dans les petites collectivités où il n’y a pas bureaux de Service Canada à proximité.

Algoma—Manitoulin—Kapuskasing est une circonscription rurale qui englobe de petites villes, des villages, des collectivités des Premières Nations et des communautés francophones. Elle a été conçue pour offrir aux habitants une bonne représentation politique et leur permettre d’exposer leurs besoins et leurs désirs uniques au Parlement. Le redécoupage risque d’aliéner des membres de ces collectivités, dont les besoins et les préoccupations sont éclipsés par les intérêts de centres urbains plus populeux. Cela ne veut pas dire qu’il est impossible que leurs intérêts s’harmonisent, mais simplement que Iron Bridge et Sault Ste. Marie, par exemple, ont des besoins différents.

Le rapport doit encore être approuvé par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, qui le renverra, avec les changements recommandés, à la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour la province de l’Ontario. D’autres députés du Nord de l’Ontario sont jusqu’à présent mécontents de perdre un représentant, entre autres pour les raisons susmentionnées. C’est maintenant que se livrera la bataille pour conserver les 10 sièges du Nord. Les députés ont un mois pour s’opposer officiellement à la proposition d’éliminer un siège dans le Nord de l’Ontario. Nous ferons front commun dans ce dossier afin d’éviter de perdre cette représentation au Parlement et nous mettrons tout en œuvre pour garantir que le Nord de l’Ontario fait bien entendre son opposition.

Une bonne représentation n’est pas qu’une question de chiffre. Il s’agit aussi de communautés d’intérêts, d’accessibilité des services et de l’importance de garantir que tous les Canadiens, peu importe d’où ils viennent, ont le droit de vote.