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11 juin 2021

Le régime de prestations à deux niveau ignore la réalité de trop d’aînés

L’histoire récente montre que les Canadiens ne veulent pas que la situation des aînés soit modifiée de quelque façon qui ne constitue pas une amélioration ou qui ne soit pas considérée comme juste. La forte réaction négative à l’augmentation éphémère apportée par Stephen Harper à l’âge de la retraite, qui était passé de 65 à 67 ans, a donné un aperçu de cette situation. À l’époque, la réponse fut rapide, négative et généralisée.

Compte tenu de cela et de l’acceptation générale que les prestations de la Sécurité de la vieillesse (SV) doivent être augmentées afin que les personnes âgées qui en dépendent n’aient pas de mal à suivre le rythme de l’augmentation des coûts, il est raisonnable de supposer que tout gouvernement fera preuve de prudence lorsqu’il propose des modifications. Surtout les modifications qui nuiraient à certains aînés et qui en aideraient d’autres. Chose incroyable, c’est ce que fait le gouvernement en combinant une prestation de pandémie et une augmentation de prestations pour certains bénéficiaires de la SV, mais pas tous.

En l’occurrence, le gouvernement a proposé deux mesures pour une partie des bénéficiaires de la SV. La première est un paiement unique de 500 $ prévu pour le mois d’août de cette année qui sera versé aux bénéficiaires de la SV qui auront 75 ans à compter de juin 2022 (dans un an). La deuxième sera une augmentation de 10 % du montant de la SV que recevra le même groupe d’âge, mais pas avant l’année prochaine (2022). Alors que les aînés qui dépendent de la SV ont attendu pendant la pandémie pour recevoir de l’aide, ces mesures ne répondent qu’aux besoins de certains bénéficiaires, tandis que d’autres sont laissés pour compte, et que beaucoup devront attendre une année complète pour une augmentation qu’ils pourraient utiliser aujourd’hui.

Quand les plans du gouvernement ont commencé à retenir l’attention, les députés néo-démocrates lui ont maintes fois répété que tous les aînés âgés de 65 ans et plus, et pas seulement ceux âgés de 75 ans et plus, ont besoin d’aide. Nous avons demandé une augmentation de la SV avant la pandémie, laquelle n’a fait que rendre les défis financiers plus difficiles pour ceux qui dépendent de ces prestations. Lorsqu’on a insisté, le gouvernement n’a guère présenté d’arguments pour justifier sa décision. Pire encore, il a voté contre une modification visant à inclure tous les aînés dans les augmentations proposées de la SV et a même menacé de considérer la proposition comme une motion de confiance, laissant planer la menace d’une élection éclair si la Chambre l’adoptait.

Une notion qu’il est difficile de séparer de la question est l’effet de la pauvreté sur l’espérance de vie. Des études montrent que les hommes canadiens qui se situent près du 80e centile des revenus ont une espérance de vie de 83 ans, tandis que les travailleurs à faible revenu peuvent s’attendre à vivre jusqu’à 75 ans. L’écart pour les femmes est plus faible, avec une espérance de vie de 86 ans pour les plus riches par rapport à 83 pour les plus pauvres. Ces chiffres sont moins choquants qu’une étude américaine montrant une différence de près de 15 ans dans l’espérance de vie des hommes et de 10 ans dans celle des femmes. Dans les deux pays, la triste réalité est que les personnes pauvres ne vivent pas aussi longtemps que les plus riches. La conclusion incontournable, lorsqu’on envisage de faire attendre les gens jusqu’à l’âge de 75 ans pour que leur SV augmente, est que le gouvernement mise sur la réduction naturelle du nombre de bénéficiaires pour limiter une partie de ces coûts.

Malheureusement, le plan du gouvernement pour les bénéficiaires de la SV est conforme à ses actions envers les aînés depuis les élections et, en particulier, pendant la pandémie. Il a fallu des mois pour le convaincre que les aînés ont besoin d’un soutien financier, et ce n’est qu’après que les néo-démocrates ont exercé des pressions qu’il a changé d’avis et accepté le paiement unique.

Toutefois, les défis ne se sont pas arrêtés là, et nous avons passé la dernière année à demander que tous les aînés reçoivent un soutien financier supplémentaire pendant la pandémie. Le gouvernement a refusé et n’a offert que le paiement unique, qui ne sera versé qu’aux aînés admissibles à la SV âgés de 75 ans et plus. C’est injuste, et il est inquiétant que le gouvernement crée des sous-groupes d’aînés dans le processus, à savoir ceux qui reçoivent une pleine pension de la SV, les « aînés âgés », et ceux qui doivent attendre dix ans après leur retraite, les « aînés jeunes ». Il s’agit d’une solution imparfaite à un problème bien connu et, si le passé est garant de l’avenir, les Canadiens n’accepteront pas ce changement.