Canada's NDP

NDP

4 août 2022

Les excuses présentées par le pape pour les traumatismes subis dans les pensionnats devraient relancer les appels à l’action

La semaine dernière, le pape François s’est rendu au Canada pour ce que la papauté a décrit comme un « pèlerinage de pénitence » entre l’Église catholique et les peuples autochtones pour son rôle dans le système des pensionnats. Beaucoup y ont vu un pas vers la réconciliation et une reconnaissance directe du rôle joué par l’Église catholique dans un acte de génocide, terme que le pape lui-même a utilisé pour décrire les préjudices causés aux enfants autochtones par le système des pensionnats.

« C’était une erreur désastreuse, incompatible avec l’Évangile de Jésus-Christ », a déclaré le pape à Maskwacis (Alberta). « Je demande humblement pardon pour le mal commis par tant de chrétiens contre les peuples autochtones. Une partie importante de ce processus consistera à mener une enquête sérieuse sur les faits qui se sont produits dans le passé et à aider les survivants des pensionnats. »

Il n’est pas courant qu’un chef religieux présente des excuses pour des crimes commis sous la bannière de sa foi, et le fait que le pape joue un rôle actif dans la condamnation des actes commis dans ces pensionnats catholiques constitue un pas important vers la réconciliation.

C’est une reconnaissance qui suscite toute une gamme d’émotions chez de nombreuses personnes à la grandeur du pays. Ce n’est pas à moi, en tant qu’élue ou en tant que Canadienne non-autochtone, de dire si les excuses du pape François sont acceptables, parce que ces excuses ne m’étaient pas destinées. Ces excuses s’adressaient aux survivants et à leur famille. Mais c’est important, car cela nous rappelle le travail qu’il reste à accomplir pour faire avancer la réconciliation.

La présentation d’excuses par le pape était l’un des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. Parmi ces appels, les appels 58 à 61 sont directement liés aux actions de l’Église catholique et à la façon dont elle aborde son rôle dans le système des pensionnats. Il est essentiel que les excuses du pape (appel 58) ne soient pas considérées comme un point final pour l’Église, mais comme un début : un point de départ du processus de guérison pour son rôle dans ce que le pape lui-même a appelé un génocide.

L’Église catholique a travaillé de concert avec le gouvernement fédéral pour établir et perpétuer le système des pensionnats. À ce titre, si elle s’engage dans la réconciliation, comme l’a indiqué le pape François, elle doit également veiller à faire la lumière sur l’histoire du système. Cela devrait clairement comprendre la pleine coopération de l’Église catholique à toutes les enquêtes ultérieures et la mise à disposition des survivants, de la police et des gouvernements locaux de toute documentation relative au système. Il est essentiel que l’Église présente des excuses et reconnaisse son rôle dans le système des pensionnats, tout en fournissant des renseignements qui peuvent être cruciaux pour son histoire et les crimes potentiels qui ont pu être perpétrés. Des excuses ne signifient pas grand-chose si elles ne sont pas accompagnées d’actions visant à corriger les actes horribles qui ont été perpétrés.

En outre, il est important de nous rappeler que nous avons encore beaucoup de travail à faire si nous voulons donner suite aux 94 appels à l’action de la CVR. Nous n’avons fait qu’effleurer la surface de ce travail. Le directeur de recherche du Yellowhead Institute, un centre de recherche et d’éducation dirigé par des Autochtones à l’Université métropolitaine de Toronto, a déclaré que seuls 11 de ces appels ont été mis en œuvre depuis le dépôt du rapport final de la CVR en 2015. Ce travail doit se poursuivre si nous voulons corriger les inégalités historiques auxquelles sont confrontés les peuples autochtones, qui continuent de se heurter à des obstacles en matière d’éducation, de justice, de soins de santé et même d’eau potable.

Il est également important que la Chambre des communes reconnaisse que ce qui est arrivé aux peuples autochtones est un génocide. L’année dernière, ma collègue Leah Gazan a tenté de faire adopter une motion de consentement unanime pour qualifier de génocide ce qui s’est passé dans les pensionnats, en se fondant sur la définition du terme donnée par les Nations Unies, mais la motion a été rejetée, certains députés ne l’ayant pas soutenue. Elle présentera une motion similaire à l’automne, et étant donné que le pape l’a considéré comme tel, et étant donné l’ampleur de ce que nous continuons à apprendre sur les préjudices causés par le système des pensionnats, peut-être que ces voix dissidentes reconnaîtront enfin le chapitre le plus sombre de l’histoire du Canada pour ce qu’il est.