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3 juin 2024

Loblaws est encore une fois au cœur d’un présumé comportement anticoncurrentiel

À ce stade-ci, dire qu’une part importante de la population canadienne en a assez de la chaîne d’épiceries Loblaws ne suffit pas à bien rendre compte de l’irritation des clients à l’égard du géant de l’alimentation. Selon Statistique Canada, le prix des aliments a augmenté de 21,4 % au cours des trois dernières années, une hausse pénible que les salaires sont loin de suivre. Loblaws affirme n’avoir eu d’autre choix que d’augmenter les prix qui sont devenus astronomiques, mais une autre situation « sans autre choix » suscite des questions sur un possible comportement anticoncurrentiel.

Loblaws et sa chaîne d’épiceries se sont attiré la colère d’un grand nombre de gens. En effet, d’après un récent sondage Leger, 18 % des Canadiens ou un membre de leur ménage boycottent le géant. Même si l’entreprise continue de soutenir qu’elle n’avait d’autre choix que d’augmenter le prix des aliments, le fait que sa marge bénéficiaire ait presque doublé au cours des cinq dernières années prouve le contraire.

Il serait donc très effronté de la part d’une entreprise qui détient 27 % des parts du marché de l’alimentation au Canada d’essayer de limiter encore plus le choix des consommateurs, n’est-ce pas? Voilà pourtant l’accusation que Pierre-Karl Péladeau, président et chef de direction de l’entreprise médiatique et de télécommunication Québecor, a lancée au sujet de la Boutique Mobile, le kiosque de téléphonie cellulaire dans les magasins Loblaws.

Certains se souviendront peut-être du bref passage de M. Péladeau à la tête du Parti Québécois en 2015‑2016. Il est le fils du fondateur de Québecor et ancien propriétaire de la Sun Media Corporation. Il a accusé Loblaws de comportement anticoncurrentiel pour avoir mis fin prématurément à son contrat avec Québecor afin d’offrir uniquement les produits Glentel. Pour ceux qui ne le savent pas, Glentel appartient à Rogers et à BCE Inc. (Bell Canada), deux sociétés qui ont elles-mêmes l’habitude des accusations de comportement anticoncurrentiel. Glentel gère des magasins de téléphonie cellulaire comme Wireless Wave.

À l’heure actuelle, la Boutique Mobile offre les produits et les services de sept fournisseurs dans ses 180 kiosques. Toutefois, dans ses accusations, Québecor décrit une entreprise qui cherche à escroquer encore plus les Canadiens, tout en se remplissant les poches au moyen d’une entente d’exclusivité avec une coentreprise détenue par les plus grandes sociétés de télécommunication du Canada. Pour le bien des consommateurs, et non dans l’intérêt des Pierre-Karl Péladeau de ce monde, le Bureau de la concurrence devrait mener une enquête approfondie sur ces allégations, en particulier si l’objectif de Loblaws, de Bell et de Rogers est d’étendre leur domination du marché et de limiter encore plus la concurrence.

Il ne s’agirait même pas de la seule enquête du Bureau de la concurrence sur Loblaws. Pas plus tard que cette semaine, le Bureau a annoncé qu’il enquêtait sur Loblaws et Sobeys, qui aurait eu recours aux contrôles de propriété dans les contrats de location pour restreindre l’utilisation des terrains. Pour ce faire, ces deux sociétés utiliseraient les clauses restrictives dans les contrats et les clauses d’exclusivité dans les contrats de location qui visent à restreindre ou à exclure des concurrents, ce qui leur donnerait, selon le Bureau de la concurrence, « la possibilité d’empêcher leurs concurrents réels ou potentiels de vendre des produits alimentaires dans certaines zones géographiques ou de dicter les conditions dans lesquelles elles exercent leurs activités ». Nous avons été témoin de ce procédé à Elliot Lake, lorsque No Frills (qui appartient à Loblaws) a déménagé et empêché ses concurrents de s’installer dans son ancien emplacement.

Il est difficile de déterminer si le Bureau de la concurrence enquêtera sur ce présumé comportement anticoncurrentiel de Loblaws et de Glentel, mais il est évident que le gouvernement a le pouvoir de réglementer l’industrie de l’alimentation si ses intervenants ne se comportent pas d’une manière qui avantage les consommateurs. Toutefois, ce gouvernement et ses prédécesseurs ont à maintes reprises approuvé des fusions et des acquisitions qui ont permis à ces entreprises de devenir des monstres opposés aux intérêts des consommateurs. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit l’année dernière lorsque Rogers et Shaw ont conclu une entente : les prix des services sans fil ont par la suite augmenté de 5 $ en moyenne. Il s’agit d’une petite somme, mais la société Rogers avait promis de demeurer concurrentielle, pour ensuite immédiatement changer d’idée une fois l’entente approuvée.

À un certain moment, on a l’impression que la situation tourne à la farce lorsque de multiples entreprises accusées de comportement anticoncurrentiel commencent à unir leurs forces.