Canada's NDP

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16 juillet 2020

Qui va payer?

La pandémie est dure sur les finances, tant sur celles des ménages que celles des gouvernements. Peu de gens ont donc été étonnés d’apprendre dans la mise à jour financière de la semaine dernière que le Canada se dirigeait vers son plus important déficit depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les pontifes se sont pour la plupart empressés de dire qu’une période d’austérité viendrait à être nécessaire pour compenser les dépenses. Ces opinions ont été proférées sans reconnaître le rôle qu’avait joué l’austérité dans la création des conditions des dernières années qui ont mis de nombreuses personnes dans une situation vulnérable et à 200 $ près de ne pas être en mesure de joindre les deux bouts.

Au lieu de demander ce que nous pouvons faire pour veiller à ce qu’un plus grand nombre de gens aient un revenu qui leur permette de vivre, on demande ce qu’il faut faire pour revenir au plus vite à la normale – à une situation caractérisée par des emplois précaires, la quasi-absence d’avantages sociaux et de prestations de maladie pour une proportion de plus en plus grande de travailleurs canadiens, une inégalité grandissante des revenus et un éventail de retombées sociétales négatives. Manifestement, l’imagination n’est pas au rendez-vous. On ne semble se soucier que d’une série limitée d’indicateurs économiques plutôt que de la situation réelle des gens. Qui plus est, on parle très peu des investissements qui vont devoir être faits pour lutter contre les changements climatiques, qui restent le plus grave problème auquel fait face l’espèce humaine.

La pandémie a mis nos problèmes bien en évidence. Des millions de personnes au pays ont du mal à payer leurs factures, à nourrir leur famille et à conserver leur toit. Ils comptent sur l’aide fédérale pour y arriver et, dans bien des cas, le montant considéré comme un minimum est supérieur à ce que touchaient les gens avant la pandémie. Si vous vous demandez comment nous pouvons nous permettre de payer ces coûts, pensons d’abord au passe-droit qu’on accorde aux très riches, qui évitent de payer leur juste part en tirant parti de gros cadeaux fiscaux et d’échappatoires fiscales et en cachant de l’argent dans des paradis fiscaux. Cela s’applique aussi à des entreprises canadiennes qui ont caché environ 25 milliards de dollars dans des comptes à l’étranger.

Il faut que les gens puissent retourner au travail, que les enfants puissent retourner à l’école, mais cela ne se fera pas comme par enchantement. Il nous faut un plan. Nous savons que les pertes d’emploi causées par la pandémie ont touché les femmes de façon disproportionnée. La garde des enfants est souvent le facteur qui constitue un obstacle. Un programme national de garderies pourrait les aider. Le programme du Québec a donné de bons résultats, car les femmes ont pu intégrer le marché du travail en plus grand nombre, ce qui a rapidement permis de compenser le coût du programme. Ce dernier s’est avéré judicieux et il est temps que le Canada adopte un programme du même genre.

On voit clairement aussi qu’il faudra pousser le gouvernement pour qu’il prenne les bonnes décisions. Si la PCU a été mise en place, c’est parce que le NPD a exercé des pressions pour que le gouvernement mette de côté son plan initial, qui était de recourir à l’assurance-emploi alors que 60 % des travailleurs canadiens n’y sont pas admissibles. À présent, nous lui demandons d’avoir le courage d’instaurer un impôt sur la fortune au lieu d’attendre à la dernière minute pour élaborer son plan de revenus.

Il ne s’agit pas d’une idée qui est nouvelle ou qui n’est proposée que par le NPD. Soulignons aussi qu’il n’y a pas que le Canada qui connaît ce problème. Même de célèbres milliardaires comme Warren Buffet et Bill Gates demandent qu’on mette fin aux régimes fiscaux qui leur accordent des avantages aux dépens de tous les autres contribuables. Ils comprennent que le traitement préférentiel qui est accordé aux très riches entraîne des conditions qui minent la stabilité de la société.

Oui, il y aura une facture à payer pour les mesures adoptées en réponse à la pandémie, mais cela n’aura pas valu la peine si nous retournons à des retombées négatives pour une majorité de la main-d’œuvre et à des ententes de faveurs pour quelques privilégiés. L’idée selon laquelle l’austérité va permettre une croissance de l’économie figure parmi les premières qui doivent être abandonnées si nous voulons être en mesure d’adopter des mesures concrètes plutôt que symboliques pour lutter contre les changements climatiques au sortir de cette pandémie. L’investissement actuel pourrait paraître minuscule à côté de celui qui sera nécessaire; il serait donc judicieux d’augmenter nos revenus en demandant à ceux qui en ont clairement les moyens de payer leur juste et pleine part. En imposant les ultra-riches, en rapatriant l’argent caché dans des paradis fiscaux et en taxant les géants du Web comme Amazon, le Canada pourrait disposer de 10 milliards de dollars de plus par année. Nous pourrions mieux voir toute la richesse de notre pays. Ce n’est que juste.