19 septembre 2023
Une saison des incendies de forêt qui pourrait signaler le besoin d’une équipe nationale de pompiers
Alors que nous entamons les derniers jours de l’été, il est important de réfléchir à la pire saison d’incendies de forêt au Canada, sans exception. Le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC), une société sans but lucratif détenue et exploitée par les agences de gestion des incendies de forêt fédérale, provinciales et territoriales, a déclaré que la saison des feux de forêt de 2023 a brûlé le plus vaste territoire de l’histoire canadienne. Cette marque a été atteinte non à la fin de la saison, pas même en milieu de saison, mais le 25 juin, une date à laquelle les incendies de forêt ne faisaient que commencer durant les années précédentes. À la fin de juillet, le CIFFC indiquait que les feux de forêt avaient doublé, brûlant plus de 120 000 kilomètres carrés, soit près du double du record annuel précédent, établi en 1995.
Les incendies de forêt au Canada étaient si graves que de grandes villes ont déclaré l’état d’urgence en raison de la mauvaise qualité de l’air durant la première semaine de juin. Des nuages de fumée provenant des feux au Québec recouvraient la province ainsi que l’Est et le Sud de l’Ontario. Des villes dans l’est des États-Unis étaient gravement touchées par la fumée que dégageaient les incendies de forêt. Au total, 75 millions de personnes étaient visées par des alertes de qualité de l’air. À un certain moment, la ville de New York a enregistré la pire qualité de l’air de toutes les villes du monde, mis à part New Delhi. La fumée émanant des incendies de forêt au Canada était si importante qu’elle nuisait à la qualité de l’air en Europe.
Même la circonscription d'Algoma-Manitoulin-Kapuskasing a connu un certain nombre de graves incendies de forêt. White River et Hornepayne ont vécu des moments d'incertitude au cours de l'été. L'activité des incendies dans les régions de Massey et Elliot Lake, Wawa et Chapleau, ainsi que dans la région de Hearst, a également suscité des inquiétudes.
Bien que chacun de ces incendies était problématique à lui seul, il est difficile d’oublier les images qui nous venaient de Yellowknife, de West Kelowna et de la Nouvelle-Écosse. Les 20 000 résidents de Yellowknife ont été évacués le 16 août, la majorité se dirigeant vers Edmonton pour se mettre à l’abri. L’ordre d’évacuer Yellowknife n’a été levé que le 6 septembre. L’incendie à West Kelowna avait au départ des proportions modestes, mais il a rapidement pris de l’expansion partant de 64 hectares pour atteindre 6 800 hectares en 24 heures entre le 17 et le 18 août. Des milliers de personnes de plus ont été évacuées, et la transition vers le retour à la maison est finalement en cours. La Nouvelle-Écosse a été durement touchée par les incendies de forêt au début de l’été, à Shelburne County et à Tantallon (une banlieue de Halifax), et a connu le pire bilan de l’histoire de la province.
La semaine dernière, une cérémonie s’est déroulée au Monument aux pompiers canadiens à Ottawa pour honorer les braves hommes et femmes qui ont perdu la vie en exerçant leur métier. Cette année seulement, 86 pompiers sont morts en service ou d’une maladie liée à leur travail. Il est crucial que nous honorions leurs nobles sacrifices, notamment en nous assurant de corriger les lacunes du métier et de rémunérer adéquatement le dur labeur de ces pompiers dévoués à la tâche. Étant donné qu’une grande partie des pompiers sont des volontaires et que nous les perdons en grand nombre, nous devons continuer de demander, à tout le moins, que le crédit d’impôt pour les pompiers volontaires passe de 3 000 à 10 000 dollars afin qu’ils reçoivent une indemnité appropriée pour leur travail.
Par ailleurs, Richard Cannings, député d’Okanagan-Sud–Kootenay-Ouest en Colombie-Britannique, promeut l’idée de créer un service national de pompiers. Le combat contre les incendies de forêt est un champ de compétence provinciale, mais son idée consiste à mettre sur pied un service national de pompiers bien entraînés que l’on peut vite déployer pour aider les provinces et territoires à combattre les brasiers avant que la charge ne devienne trop lourde. Cette équipe pourrait également travailler toute l’année à prévenir les incendies et à dégager les zones problématiques avant le début de la saison des incendies de forêt. Lorsque les brasiers deviennent trop vastes pour être gérés par les pompiers provinciaux seulement, les provinces demandent souvent l’aide des pompiers d’autres provinces. Une équipe nationale agile pourrait aider les pompiers provinciaux lorsqu’ils en ont le plus besoin. Elle aiderait grandement à prévenir les effets dévastateurs des vastes incendies hors de contrôle.
La saison des incendies cet été a été exceptionnelle. Même si nous espérons tous qu’il ne s’agit d’une nouvelle normale, il importe de relever maintenant les défis que pourraient présenter les prochaines saisons des incendies et de se préparer aux pires scénarios.