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1 août 2024

Véhicules électriques : le Canada doit cesser d’être à la traîne et prendre les devants

Le mois dernier, la ministre des Finances a donné le coup d’envoi à une période de consultation de 30 jours sur les pratiques commerciales de Pékin dans le secteur des véhicules électriques, l’objectif étant de déterminer si le Canada devrait emboîter le pas aux États-Unis et imposer des droits de douane aux véhicules électriques importés de Chine. Rappelons en effet que les États-Unis ont décidé dernièrement d’appliquer des droits de douane de 100 % à ces véhicules et que l’Union européenne a fait de même avec des droits de douane pouvant atteindre 37,6 %.

Pourquoi agir ainsi? Le Canada devrait-il imiter ses principaux partenaires commerciaux et imposer lui aussi des droits de douane aux véhicules électriques fabriqués en Chine? Selon certains, la Chine produit volontairement beaucoup plus de véhicules électriques que ce que son marché peut absorber dans le but exprès d’écouler les véhicules excédentaires sur les marchés étrangers. Cette façon de faire nuit à la production de véhicules ici au Canada et aux importations en provenance de pays avec qui nous avons conclu des accords commerciaux.

Le problème, selon nos principaux partenaires commerciaux et la ministre des Finances elle-même, c’est que, conjuguée au subventionnement outrancier de la chaîne d’approvisionnement et des composantes essentielles et au fait que la Chine n’a pas à se conformer aux mêmes normes que les autres partenaires commerciaux dans les domaines de l’environnement et du travail, cette surproduction procure un avantage indu à la Chine sur les marchés mondiaux. Si on ajoute les préoccupations pour la sécurité nationale que représentent les technologies de pointe chinoises, l’imposition de droits de douane peut trouver un sens, si tant est que la Chine produit effectivement et volontairement trop de véhicules électriques dans le but de les écouler sur les marchés étrangers comme le nôtre.

Cette question n’est pas seulement théorique. Alors qu’elle était jusqu’à, il n’y a pas si longtemps, un joueur négligeable sur le marché canadien des véhicules électriques, la Chine arrive aujourd’hui au deuxième rang des pays producteurs de véhicules électriques présents au Canada, les importations ayant passé de 84,5 millions de dollars en 2022 à pas moins de 2,2 milliards en 2023. Il s’agit d’un problème, car depuis des années, le gouvernement et les provinces investissent directement dans la production de véhicules électriques, de batteries et de composantes de batteries en nous faisant miroiter des milliards de dollars en retombées. Stellantis, Ford, Honda et Volkswagen ont toutes reçu du financement destiné aux infrastructures ou obtenu des allégements fiscaux pour s’installer en Ontario. Or, en envahissant le marché canadien, les véhicules électriques bon marché chinois deviennent un problème pour les fabricants canadiens, en plus de compromettre la valeur des investissements réalisés et de nuire aux travailleurs. Tandis que le gouvernement fédéral a choisi la voie des consultations, les dirigeants provinciaux semblent être ceux qui réclament le plus fort l’imposition de droits de douane équivalant, voire surpassant ceux qu’imposent les États-Unis aux importations chinoises.

L’attrait le plus manifeste des véhicules électriques importés de Chine est leur prix, surtout lorsqu’on tient compte du programme Incitatifs pour les véhicules zéro émission, qui offre une remise pouvant atteindre 5 000 $ aux propriétaires de véhicules électriques du Canada. Pour le consommateur, le prix constituera toujours un facteur de choix. Le gouvernement dit espérer que les véhicules électriques représentent 20 % de tous les véhicules neufs vendus en 2026, 60 % en 2030 et 100 % en 2035. Si l’on veut atteindre cet objectif, primo, le pays aura besoin des infrastructures nécessaires pour répondre à la demande et, secundo, les véhicules électriques eux-mêmes devront être abordables. Beaucoup de gens attendront de voir ce qui ressortira de ces 30 jours de consultation, y compris les travailleurs de l’automobile, les constructeurs, les environnementalistes et les consommateurs. Quel sort le gouvernement réservera-t-il aux véhicules électriques chinois bon marché? Les mesures qu’il prendra suffiront-elles pour infléchir le marché?

Si le gouvernement décide de soumettre ces véhicules à des droits de douane, pourra-t-il quand même atteindre les objectifs qu’il s’est fixés concernant la proportion de véhicules électriques vendus tout en protégeant les véhicules fabriqués ici? Absolument. Il faudra toutefois trouver des moyens d’inciter les Canadiens à acheter des véhicules électriques fabriqués au Canada ou chez nos partenaires commerciaux les plus proches. Les néo-démocrates demandent au gouvernement de bonifier les remises associées aux véhicules électriques canadiens afin qu’elles soient au même niveau que ce qu’offrent les États-Unis, dont la remise peut atteindre 7 500 $ pour les véhicules provenant de leur marché intérieur. Les constructeurs, les conducteurs, l’environnement : tout et tout le monde en sortirait gagnant.