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15 janvier 2021

Dans les soins de longue durée, ça aurait dû changer

Les résidents d’établissements collectifs, par exemple ceux de soins de longue durée, ont raisons de se demander pourquoi on s’est si peu soucié de leur sécurité à la suite de la première vague de la Covid‑19. Même si, aux premiers temps de la pandémie, les gouvernements ont peut-être navigué à l’estime, d’un événement à l’autre, le bilan décevant de la protection qu’ils auraient dû assurer aux résidents peut être le signe qu’ils se désintéressent de la meilleure réponse au problème qu’est la privatisation.

Voilà qui risque de froisser les sensibilités de ceux qui croient en la toute-puissance du marché et en sa capacité de répondre efficacement au besoin – à quoi l’État participe pas mal. Mais les croyances ne changeront rien au fait que les établissements privés à but lucratif ont été à l’épicentre de la première vague. Ils sont encore frappés de plein fouet, ayant peu retenu les leçons du premier épisode et ayant fait encore moins d’efforts pour assurer la sécurité des résidents. Voilà qui fait s’interroger les observateurs sur les priorités de ces établissements : est‑ce les profits et les dividendes ou les personnes?

Indéniablement, les provinces disposent de moyens pour améliorer le fonctionnement des résidences, mais le modèle de maximisation des bénéfices pourrait être la principale justification de la plupart des changements qui s’imposent. L’exemple le plus éloquent est la dépendance de ces établissements par rapport aux employés à temps partiel, qui ont contribué à disséminer la Covid d’un établissement à l’autre, une catastrophe annoncée, vu que beaucoup de ces employés, pour joindre les deux bouts, travaillent souvent dans plus d’un établissement. Des provinces ont bien essayé de mettre fin à cette pratique, en les obligeant à choisir un employeur. Au bout du compte, c’est l’employé qu’on punit, ce qui montre que le mieux-être des résidents et des employés est relégué au second plan.

Les profits ne doivent jamais l’emporter sur les vies et la dignité de nos êtres chers. Au Canada, pendant la première vague, les établissements de soins de longue durée ont déploré plus de 80 % des morts emportés par la maladie, et la deuxième vague ne fait qu’alourdir le bilan. Les néo-démocrates exigent mieux pour nos êtres chers en réclamant la fin immédiate des établissements à but lucratif et l’inclusion de Revera, un de ces centres privés, propriété fédérale, dans le réseau des établissements publics.

Visiblement, il faut commencer par Revera. Même avant la pandémie, cette entreprise était l’objet de dizaines de poursuites pour négligence ayant contribué à la mort. L’année dernière, les problèmes se sont seulement aggravés en raison directe des poursuites. Invariablement, les décisions des tribunaux devaient amener l’entreprise à chercher des moyens d’éponger les pertes et d’accroître ses profits, peut-être en rognant davantage sur les coûts d’exploitation qui assurent la sécurité des résidents et des employés.

Pas plus tard qu’en mai, le ministre fédéral chargé de Revera a dit que le gouvernement ferait davantage pour aider les personnes âgées à vivre chez elles. Plus de six mois plus tard, on s’interroge encore sur ce qu’il voulait dire. Le scandale c’est qu’en refusant d’apporter les modifications qui protégeraient les résidents des établissements de l’État, on autorise les autres fournisseurs de services à suivre ce mauvais exemple.

Nos personnes âgées méritent d’être mieux traitées que les résidents de beaucoup d’établissements de soins de longue durée. Il est indispensable que le gouvernement fédéral prenne des mesures immédiates pour assurer la sécurité des êtres chers et que, jamais plus, on n’autorise les établissements privés à but lucratif à faire passer leurs profits avant la dignité et le mieux-être des Canadiens. Ayant trop fait confiance aux forces du marché, nous devons faire marche arrière, devant le constat que nous pouvons satisfaire les besoins au lieu d’espérer les satisfaire. Il y a amplement moyen de s’enrichir sans compromettre la sécurité des résidents vulnérables des établissements de soins de longue durée.