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15 avril 2024

En cette période d’insécurité alimentaire, il est temps d’instaurer un programme national d’alimentation en milieu scolaire

Le recours aux banques alimentaires au pays est à son plus haut niveau depuis 1989, selon Banques alimentaires Canada. Nous savons que les gens ont du mal à acheter des aliments nutritifs et que le problème touche tout le monde. Les grandes chaînes d’épicerie comme Loblaws enregistrent des profits records tandis que les familles canadiennes doivent composer avec les conséquences de leur cupidité. PREUVE - un programme de recherche interdisciplinaire qui examine l’insécurité alimentaire des ménages canadiens, révèle qu’en 2023, 17,8 % des ménages étaient aux prises avec de l’insécurité alimentaire, y compris près de 1,8 million d’enfants de moins de 18 ans. Je pense qu’on peut dire d’emblée qu’il est temps que le Canada se dote d’un programme national d’alimentation en milieu scolaire.

Les programmes nationaux d’alimentation ne sont pas vraiment une idée nouvelle. De fait, le Canada est le seul pays du G7 sans programme national d’alimentation en milieu scolaire. La France, le Royaume‑Uni, l’Allemagne, le Japon, l’Italie et même les États-Unis ont une forme de programme national d’alimentation qui garantit que les jeunes vulnérables bénéficient d’une certaine alimentation de base. Les programmes de repas en milieu scolaire ne sont toutefois pas tous égaux. La France, par exemple, s’assure que les repas dans les écoles respectent des critères de santé précis, et limite la quantité de gras, de sodium et de sucre dans les aliments. En Italie, le programme d’alimentation en milieu scolaire exige que les repas servis proviennent d’aliments biologiques produits localement. Le Royaume-Uni et les États-Unis ont été vivement critiqués pour leurs programmes d’alimentation en milieu scolaire, mais bien qu’il soit logique de se préoccuper de la qualité de la nourriture fournie, on peut se consoler en se disant qu’au moins ils ont des programmes nationaux en place. Ils sont peut-être imparfaits, mais il est toujours possible de les améliorer. Au Canada, nous avons actuellement une mosaïque de programmes provinciaux, d’organismes de bienfaisance et d’initiatives locales pour veiller à ce que nos enfants n’aillent pas en classe le ventre vide, du moins pour ceux qui sont assez chanceux pour avoir accès à ces programmes. Trop d’élèves n’ont pas cette chance.

Il est évident que tout programme national devrait être administré par les provinces, parce que l’éducation relève de leur compétence, mais le gouvernement fédéral a la responsabilité de faire preuve de leadership en travaillant avec les provinces et les territoires à la mise en œuvre d’un programme national, de manière à garantir l’uniformité à l’échelle du pays. Un programme bien implanté permettrait de servir des aliments nutritifs aux élèves, permettrait aux parents d’économiser de l’argent (particulièrement ceux qui sont le plus vulnérables sur le plan économique) et permettrait de soutenir les producteurs canadiens d’aliments.

Le gouvernement a promis qu’un milliard de dollars serait consacré au programme sur cinq ans, mais les détails seront importants. C’est sur ces détails qu’il faudra s’attarder dans le budget fédéral de la semaine prochaine. De fait, les libéraux ont promis un programme national d’alimentation en milieu scolaire il y a cinq ans, dans le budget de 2019. Une partie de ce programme pourrait simplement consister à augmenter des programmes existants d’alimentation en milieu scolaire, ou à aider des provinces à instaurer leur propre programme. Il devrait s'agir d’un modèle de coopération entre le gouvernement fédéral et ses homologues provinciaux. En effet, il ne devrait pas être difficile de trouver un certain terrain d’entente lorsqu’il s’agit de s’assurer que les générations futures mangent à leur faim pendant les journées d’école.

Le programme national d’alimentation en milieu scolaire semble généralement faire consensus. En décembre, les députés se sont prononcés sur un projet de loi d’initiative parlementaire (C-322) visant à élaborer un cadre national en vue de la création d’un programme d’alimentation en milieu scolaire. Le projet de loi lui-même pourrait être redondant selon ce que contient le budget de la semaine prochaine, mais il a reçu le soutien de tous les partis, sauf les conservateurs, qui font de beaux discours à propos de l’abordabilité, mais qui ne semblent pas vraiment vouloir soutenir les enfants les plus vulnérables au pays.

Le premier ministre se vante que le programme fournira des repas à 400 000 enfants de plus à l’échelle du pays, mais les détails des mesures budgétaires importeront davantage que les vastes promesses.

Le programme devra combler les lacunes qui existent dans les programmes d’alimentation en milieu scolaire. Il est inconcevable, dans un pays aussi riche que le nôtre, qu’il y ait toujours des enfants qui arrivent en classe le ventre vide, alors que des géants de l’alimentation comme Loblaws engrangent des profits records sur le dos des plus vulnérables.