16 septembre 2024
Fin de l’entente de soutien et de confiance
Au début de septembre, juste après la fête du Travail, les néo-démocrates ont officiellement mis fin à leur entente de soutien et de confiance avec le gouvernement libéral. Si certains observateurs ont semblé choqués par la nouvelle, d’autres semblaient plutôt surpris que cette rupture n’ait pas eu lieu avant. Toutefois, on semble perdre de vue que cette rupture n’est pas survenue du jour au lendemain. Les deux partis avaient peut-être trouvé un terrain d’entente, mais il existait manifestement des divisions politiques qui ont fini par atteindre leur point culminant au bout de deux années et demie d’efforts pour collaborer.
Le but de l’entente de soutien et de confiance conclue entre les deux partis a toujours été d’obtenir des gains politiques clairs tout en assurant une certaine stabilité au gouvernement en situation minoritaire. À la suite de l’élection de 2021, que le premier ministre a déclenchée sans motif évident deux ans seulement après la précédente, le Parlement a repris ses travaux avec, semble-t-il, la même composition qu’auparavant, si ce n’est quelques sièges réarrangés. Vue de l’extérieur, cette élection a semblé inutile. La Chambre des communes était dans la même situation minoritaire qu’à la suite de l’élection de 2019. Une chose toutefois était certaine : les Canadiennes et les Canadiens en avaient assez des manœuvres politiques vaines et voulaient voir le Parlement fonctionner. Par conséquent, après quelques mois de négociations, les néo-démocrates ont accepté d’assurer la stabilité requise en échange du traitement prioritaire de certains dossiers bénéfiques pour la population canadienne.
Qu’est-ce qui a donc été obtenu et négocié dans le cadre de cette entente? Il y a plusieurs politiques importantes dont les Canadiennes et Canadiens peuvent se réjouir. Nous avons négocié dix jours de congé de maladie payés pour les lieux de travail assujettis à la réglementation fédérale, ce qui est nécessaire en cette ère post-COVID. De plus, les travailleurs de remplacement (briseurs de grève) ne constituent plus une menace pour ces lieux de travail, étant donné que nous avons finalement réussi à faire adopter la loi anti-briseurs de grève. Nous avons adopté la Loi canadienne sur les emplois durables, qui garantit la création d’emplois dans une économie carboneutre. Nous avons fait progresser un régime de soins dentaires auquel 2,4 millions de Canadiennes et de Canadiens ont maintenant accès. Selon les estimations du gouvernement, une fois le régime entièrement mis en œuvre, ce nombre atteindra 9 millions. Nous avons aussi créé un programme national d’alimentation en milieu scolaire qui, une fois négociée avec les provinces, garantira que les enfants peuvent avoir des repas nutritifs à l’école. Nous avons réussi à faire adopter un certain nombre de mesures en matière de logement, comme le prolongement de l’Initiative pour la création rapide de logements et le supplément à l’Allocation canadienne pour le logement. Nous avons également obtenu des fonds pour une stratégie de logement des Autochtones en milieux urbain, rural et nordique élaborée conjointement et un système d’alerte robe rouge.
Nous avons utilisé l’entente pour atteindre des objectifs manifestes, mais certains d’entre eux n’ont pas abouti, tandis que d’autres n’ont pas eu l’issue que les néo-démocrates espéraient. Conformément à l’entente de soutien et de confiance, nous avons toujours soutenu que nous lancerions un régime d’assurance-médicaments d’ici la fin de 2023. Le gouvernement n’a pas pris cette échéance au sérieux et a attendu en février de cette année pour déposer un projet de loi. Il n’a manifestement pas donné la priorité à l’un des éléments essentiels de l’entente. Nous avons accepté une réforme électorale qui prolongerait les jours de vote et permettrait aux électeurs de voter à n’importe quel bureau de scrutin, mais le projet de loi C-65 a seulement franchi l’étape de la deuxième lecture. En outre, nous avons négocié le dépôt d’un projet de loi visant à établir des normes nationales en matière de soins de longue durée. Or, le gouvernement n’a toujours pas soumis de projet de loi, car il semble ne porter aucun intérêt à ce dossier, malgré les situations épouvantables que nous avons constatées pendant la pandémie.
En bref, nous avions des objectifs clairs en tête. Nous savions que le gouvernement n’allait pas nécessairement donner la priorité aux mêmes dossiers que les néo-démocrates, mais nous comptions le soutenir sur les questions de confiance si nous avions l’impression de progrès dans l’atteinte de nos objectifs. Toutefois, étant donné où nous en sommes, il semble que les libéraux n’aient pas jugé bon de traiter en priorité les dossiers dont nous avions convenu. À la fin de l’été, ils ont avant tout cherché à imposer l’arbitrage obligatoire aux cheminots au lieu de laisser les négociations collectives suivre leur cours naturel. En tant que parti qui priorise les droits des travailleurs, il était de plus en plus évident que nos orientations ne coïncidaient plus forcément.
Cela ne signifie pas qu’une élection est imminente, mais bien que le gouvernement devra redoubler d’efforts pour obtenir des appuis au Parlement, que ce soit auprès de nous ou d’un autre parti. Les néo‑démocrates demeurent déterminés à se retrousser les manches pour faire avancer les choses et continueront à appuyer les projets de loi auxquels ils souscrivent.