4 mars 2024
Il est temps de concrétiser le projet d’assurance-médicaments de Tommy Douglas
À la fin de la semaine dernière, les Canadiens ont appris que le gouvernement et les néo-démocrates ont conclu une entente qui va enfin établir le cadre de mise en œuvre d’un régime d’assurance-médicaments au Canada. Il s’agit d’un jalon important de la création, au Canada, d’un régime public et universel d’assurance-médicaments qui permettra d’aider concrètement les Canadiens qui ont du mal à payer leurs médicaments d’ordonnance. La réalisation de ce régime national universel d’assurance-médicaments était l’un des fondements de l’entente de soutien et de confiance que le Parti libéral et le NPD ont conclue. Pour le seul pays doté d’un régime universel d’assurance-maladie ne comprenant pas de régime d’assurance-médicaments, il s’agit d’un véritable événement.
Cette mesure législative aura des effets concrets et mesurables sur la population. Elle définira le plan de mise en œuvre du régime d’assurance-médicaments public, universel et entièrement financé par l’État que réclamaient les membres du Conseil consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance-médicaments et son président, le Dr Eric Hoskins. Le cadre ainsi établi permettra au gouvernement fédéral de négocier les menus détails du régime d’assurance-médicaments avec les provinces et les territoires.
En quoi consiste ce cadre? En l’adoptant, le gouvernement s’engagera à donner suite aux recommandations du rapport Hoskins et à tenir compte des principes établis par Santé Canada dans ses négociations avec les provinces et les territoires. Ce cadre créera aussi un conseil chargé de préciser les modalités de fonctionnement du régime. Bref, il établit tout ce dont nous avons besoin pour négocier les menus détails du régime d’assurance-médicaments avec les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Le rapport Hoskins nous a appris que près du cinquième des Canadiens passent entre les mailles du filet et ne sont pas suffisamment couverts, ou ne sont pas couverts du tout, par un régime d’assurance-médicaments. En 2019, l’année de la publication du rapport, le cinquième des Canadiens ne prenaient pas certains médicaments qui leur étaient prescrits en raison du coût. En effet, 3 millions de Canada ont déclaré ne pas avoir les moyens de prendre au moins un de leurs médicaments prescrits. Parmi ceux-ci, 38 % étaient couverts par un régime privé et 21 % par un régime public, mais en raison des quotes-parts et de l’insuffisance de la couverture offerte, ils n’avaient pas les moyens de se procurer tous les médicaments prescrits. Or, personne ne devrait se priver de médicaments dont ils ont besoin parce que la couverture de leur régime est insuffisante ou inadéquate.
Il est certes important de définir les conditions de réalisation d’un régime d’assurance-médicaments entièrement financé par des fonds publics, mais la population veut dès maintenant des résultats concrets. Suivant les conseils du rapport Hoskins, les néo-démocrates ont donc pressé le gouvernement de commencer par instaurer le remboursement par l’État des ordonnances de moyens contraceptifs et de médicaments contre le diabète.
Ce régime couvrira les moyens contraceptifs suivants : les contraceptifs d’ordonnance, les stérilets, les implants hormonaux, les contraceptifs injectables et les contraceptifs d’urgence. Il couvrira aussi la plupart des médicaments contre le diabète, dont l’insuline, la metformine et les inhibiteurs. Il y aura aussi un fonds permettant au gouvernement fédéral de négocier avec les provinces et les territoires la couverture des fournitures pour diabétiques, comme les glucomètres, les bâtonnets diagnostiques et les pompes. Ces mesures permettront ainsi d’aider des millions de Canadiens à court terme pendant que nous continuerons de presser le gouvernement de mettre en œuvre le régime universel public.
Il y aura sans doute des gens qui se plaindront du coût de ces mesures, mais les études prouvent que la création d’un régime universel d’assurance-médicaments pourrait réduire les dépenses globales dans le domaine de la santé. Le Forum sur la santé du Journal of the American Medical Association vient de publier un article qui analyse les dépenses en santé de 747 patients ontariens ayant déclaré que le coût élevé des médicaments les empêchait de se procurer certains médicaments ou de prendre les quantités prescrites par le médecin. Le Journal a payé les médicaments de près de la moitié de ces patients pendant trois ans. Le remboursement de ces médicaments a ainsi fait réduire annuellement de 1 488 $ par patient le coût des soins médicaux, surtout grâce à une diminution du nombre de visites à l’hôpital et à l’urgence.
Tommy Douglas a déjà dit ceci : « J’en suis venu à croire que les services de santé ne sont pas une affaire de coûts et que les gens devraient pouvoir obtenir tous les soins dont ils ont besoin, quels que soient leurs moyens. » Nous nous rapprochons donc encore plus de la concrétisation de sa vision.