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26 août 2024

Incendies de Jasper : un autre rappel tragique qu’il nous faut une force nationale de lutte contre les incendies de forêt

L’été dernier, un immense nuage de fumée, conséquence d’une saison des feux de forêt hors du commun, a recouvert une grande partie du pays. À la fin de l’été, 16,5 millions d’hectares de terres avaient été ravagés par les flammes, comparativement aux 2,5 millions de la moyenne annuelle. La circonscription d’Algoma—Manitoulin—Kapuskasing n’a pas été épargnée, puisque White River, Hornepayne, Chapleau, Massey, et Hearst ont notamment été touchés. Certes, la fumée a été épaisse pendant une partie de l’été, mais certaines personnes au Canada n’ont pas eu la chance d’échapper au spectre des incendies. Des habitants de Yellowknife, de West Kelowna et de certains endroits de la Nouvelle-Écosse ont dû être évacués. Tous s’entendent pour dire que cet été a été plus clément que celui de l’an dernier avec sa saison record des incendies. Il reste que des ravages à Jasper, en Alberta ont été catastrophiques.

Bien que la saison soit nettement moins grave que celle de 2023, nous nous trouvons toujours au-delà de la moyenne sur dix ans, avec quelque 2,7 millions d’hectares brûlés au 31 juillet, recensés dans le Rapport national sur la situation des feux de végétation. En effet, cette moyenne se chiffre à 2,6 millions d’hectares brûlés en moyenne au cours des dix dernières années à la même date. Il est toutefois très difficile de se défaire des images de Jasper que nous avons tous vues. Une belle station balnéaire et un parc national nichés dans les montagnes Rocheuses, dont la beauté idyllique contrastait fortement avec les images d’incendies ravageurs. Selon les estimations actuelles, environ 358 des 1 113 bâtiments de la ville ont été détruits, qu’il s’agisse de maisons, d’entreprises ou de complexes. Par ailleurs, un pompier de Calgary a tragiquement perdu la vie : un arbre est tombé sur lui pendant qu’il luttait contre un incendie.

Voilà une catastrophe qui fend le cœur, l’une de celles auxquelles nous avons souvent l’impression de ne jamais être préparés. Le gouvernement de l’Alberta a affecté 55 millions de dollars supplémentaires sur trois ans au budget de cette année pour la préparation, la prévention, l’intervention et l’atténuation des incendies, ainsi que 2 milliards de dollars à un fonds de prévoyance à cet effet en cas d’urgence. Il est difficile de croire que la gestion des incendies dans la province a subi des compressions budgétaires au cours des dix dernières années, mais il est inutile d’insister sur ce point maintenant. Il faut savoir qu’il y a des questions de compétences. En tant que parc national, Jasper est techniquement de ressort fédéral et donc géré par Parcs Canada. L’Alberta n’a donc pas toujours été en mesure de prendre les devants dans certains cas lors des opérations de lutte contre les incendies.

La création d’une force nationale de lutte contre les incendies de forêt constituerait donc l’un des meilleurs moyens de gérer ce type de situation. Cette idée a été lancée il y a quelques années. Bien que certaines provinces (l’Alberta en particulier) s’opposent souvent à toute forme d’empiètement sur les compétences provinciales, il serait difficile de comprendre pourquoi quelqu’un s’opposerait à un organisme fédéral de lutte contre les incendies mobile, actif et capable d’être déployé partout au Canada en cas de besoin. En fait, Abacus Data a sondé les Canadiens sur cette même proposition cet hiver et a constaté un soutien massif à l’idée. Les trois quarts des répondants ont d’ailleurs approuvé l’idée d’une force nationale non militaire de lutte contre les incendies de forêt.

Une force nationale de lutte contre les incendies bien formée pourrait être rapidement déployée pour aider les provinces et les territoires, d’une part, à lutter contre les incendies avant qu’ils ne soient débordés et, d’autre part, à intervenir rapidement lors de petits incendies avant qu’ils ne prennent de l’ampleur. La force pourrait travailler tout au long de l’année sur la gestion forestière, en collaboration avec les provinces pour nettoyer les zones qui risquent théoriquement de provoquer un effet domino et devenir un énorme problème au cours des mois d’été. Les provinces sollicitent déjà l’aide d’autres administrations lorsque les incendies prennent trop d’ampleur. Le fait de disposer d’une force mobile prête à intervenir là où le besoin s’en fait sentir pourrait réduire considérablement les risques que ces incendies deviennent incontrôlables. Ces équipes pourraient jouer un rôle préventif, tout en étant disponibles pour les véritables urgences en cas de besoin. L’armée n’a pas toujours la capacité d’intervenir lors des catastrophes naturelles nationales, et elle ne le devrait pas non plus. C’est là qu’une force spécialisée entrerait en jeu.

Toujours est-il que les vagues de chaleur record et les phénomènes météorologiques imprévisibles provoqués par les changements climatiques ne cessent de se produire, il est impératif de disposer d’une force qualifiée pour faire face à leurs pires effets. Une force nationale de lutte contre les incendies de forêt fait partie intégrante de la solution au problème.