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10 octobre 2024

La privatisation des soins de santé est insensée

Il est compréhensible que les Canadiens se sentent un peu inquiets au sujet des soins de santé ces jours-ci. Ces dernières années, le système de santé canadien a été mis à rude épreuve par la pandémie de la COVID‑19. Les médecins et le personnel infirmier qui ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour maintenir notre système à flot ont été surchargés de travail pendant la pandémie, ce qui a conduit à ce que l’Association médicale canadienne a appelé la « grande démission ». Dans les années qui ont suivi, nous avons tous entendu parler de l’augmentation des temps d’attente, de la fermeture des urgences, du retard des opérations chirurgicales et d’autres problèmes graves au sein d’un système déjà surchargé. La plupart des Canadiens, et c’est compréhensible, voulaient simplement que leur système fonctionne. Mais l’épuisement, la recherche du profit par les entreprises et l’absence de scrupules de certains dirigeants provinciaux ont permis une interprétation de l’Accord sur la santé canadien faisant pencher la balance en faveur de la privatisation. Et cela va nous coûter cher à tous, à moins que le gouvernement fédéral ne prenne des mesures pour y mettre un terme.

Il n’est pas exagéré de dire que la porte a déjà été ouverte aux entreprises privées de soins de santé, et bien qu’il y ait toujours eu un certain degré de prestation privée de soins de santé publics, elle a explosé ces dernières années, en particulier dans les provinces dirigées par les conservateurs. Cette croissance des services de santé privés à but lucratif s’est principalement manifestée dans quatre domaines distincts : les diagnostics, tels que les cliniques d’imagerie par résonance magnétique (IRM), de tomodensitométrie et d’analyses sanguines; les cliniques chirurgicales privées, où les personnes souhaitant subir des interventions chirurgicales qui changent leur vie, mais ne sont pas essentielles, comme une opération du genou, peuvent payer pour ne pas avoir à attendre des mois ou des années; l’accès aux soins virtuels, qui consiste essentiellement à payer des frais à des entreprises privées de soins de santé comme Maple pour éviter les files d’attente sous prétexte de rediriger les patients vers des médecins en dehors de la province; et les cliniques de soins primaires, qui offrent un accès rapide aux services pour les clients recommandés et les ordonnances.

En Ontario, par exemple, Doug Ford et la ministre de la Santé Sylvia Jones ont constamment mis l’accent sur toutes les cliniques privées à but lucratif qu’ils financent avec des fonds publics pour effectuer des IRM, des remplacements de la hanche et du genou, des opérations de la cataracte et des endoscopies, entre autres procédures. Mais les entreprises privées ne pratiquent pas ces procédures par pure bonté d’âme, elles le font pour gagner de l’argent. Et c’est là que les coûts des soins de santé commencent à exploser, au détriment des services publics de soins de santé. À l’automne dernier, la CBC a découvert, grâce à une demande d’accès à l’information, que le gouvernement de l’Ontario accordait aux cliniques à but lucratif beaucoup plus d’argent qu’aux hôpitaux publics pour des opérations chirurgicales identiques. La Don Mills Surgical Unit Ltd, une clinique chirurgicale privée qui fait partie du Clearpoint Health Network, dont l’ancienne ministre de la Santé progressiste-conservatrice Christine Elliott est membre du conseil d’administration, facturait à la province 1 264 $ par opération de la cataracte, soit le double du coût de la même opération dans les établissements publics de soins de santé (508 $) en 2021. De même, la clinique facturait 4 037 $ pour une arthroscopie du genou, contre 1 692 $ pour un hôpital public. Ces cliniques attirent également les professionnels de la santé qui quittent le système public en leur proposant des salaires plus élevés. Cela prouve que nos professionnels de la santé actuels sont sous-payés et devraient être rémunérés équitablement afin de garantir le renforcement de notre système de soins de santé.

Mais il ne s’agit pas d’une question de quelques sous. Il s’agit de la volonté d’administrer les soins de santé publics par l’intermédiaire de cliniques privées afin d’affamer un système public en difficulté jusqu’à ce qu’il s’effondre. Le gouvernement du Parti conservateur uni (PCU) de l’Alberta s’efforce de délester la charge des soins des hôpitaux à Covenant Health, un prestataire de soins de santé catholique, alors qu’il tente de démanteler les services de santé publics de l’Alberta. Le chef conservateur de la Colombie-Britannique, John Rustad, a promis un système de santé hybride public-privé au début de l’été, puis a proposé de dépenser 3,2 milliards de dollars de moins pour les soins de santé que ce que le budget actuel prévoit pour cette année.

Il incombe au gouvernement fédéral de veiller à ce que les provinces dépensent les fonds fédéraux qui leur sont alloués dans le cadre de l’Accord sur la santé canadien pour les soins publics de santé, mais ce n’est pas ce qui se passe. En fait, lorsque le député néo-démocrate Gord Johns a récemment demandé au Comité de la santé d'inviter les fournisseurs de soins de santé à but lucratif à témoigner devant le comité et d'entreprendre une étude sur le rôle du secteur privé dans le système de santé public du Canada, les députés conservateurs et libéraux de ce comité ont voté contre.

Les soins de santé ne devraient jamais être une industrie axée sur le profit. La dette médicale est la principale cause de faillite personnelle aux États-Unis et il serait insensé d’imiter cet échec dans notre pays.