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11 août 2022

L’application ArriveCAN n’a plus sa raison d’être

Pour plusieurs, cet été était censé être celui des voyages et du tourisme au bout de deux longues années difficiles à gérer une pandémie mondiale. Les travailleurs des secteurs du tourisme et de l’hébergement avaient hâte à la reprise des activités, et les ressortissants étrangers avaient hâte de découvrir la beauté naturelle de notre nation. Cependant, comme nous l’avons constaté au cours des derniers mois, les retards liés à la sécurité dans les aéroports, les annulations de vols ainsi que d’autres facteurs ont des répercussions sur la planification des voyages, et font en sorte qu’il est plus difficile pour les étrangers de se rendre au Canada. L’un des principaux problèmes est l’insistance continue du gouvernement sur l’utilisation de l’application ArriveCAN, qui ne semble plus avoir de fonction essentielle, et doit être supprimée.

Cette application a été introduite au début de la pandémie, en avril 2020, pour que les voyageurs puissent répondre à des questions sur leurs intentions de séjour au Canada, leurs plans de quarantaine, etc. Après l’arrivée des vaccins contre la Covid-19, elle est ensuite devenue un outil permettant aux utilisateurs de télécharger leurs certificats de vaccination. On visait à accélérer le passage du contrôle de sécurité aux aéroports et aux postes frontaliers terrestres pour s’assurer que les voyageurs se conforment aux exigences de vaccination pour l’entrée au Canada. L’objectif consistait, bien sûr, à offrir une certaine mesure de sécurité publique en limitant la propagation de la Covid-19 par ces personnes.

À ce stade-ci, cette mesure a depuis longtemps atteint son objectif et elle a maintenant principalement pour effet de dissuader les voyageurs d’entrer au Canada. Premièrement, elle est désuète. On demande des détails sur les deux premières séries d’immunisation et on ne prévoit pas d’autres exigences, comme une troisième ou une quatrième dose. Deuxièmement, on demande aux voyageurs d’évaluer eux-mêmes s’ils se sentent malades, ce qui ne tient pas compte de ceux qui peuvent avoir des cas très bénins ou asymptomatiques de Covid-19 ni du faible pourcentage de personnes qui pourraient décider de ne pas répondre correctement aux questions. Troisièmement, on suppose que toutes les personnes ont accès à un téléphone intelligent; or, la plupart d’entre elles en ont un, mais certaines, en particulier les voyageurs âgés, pourraient ne pas en posséder, et ceux qui sont moins doués pour la technologie pourraient éprouver de la difficulté à remplir seuls le questionnaire de l’application. Cela entraîne une inégalité certes petite, mais non négligeable. Par ailleurs, cela crée du travail inutile pour les agents de douane, ce qui allonge les temps d’attente aux passages frontaliers et empêche les agents de s’acquitter des tâches pour lesquelles ils ont été formés.

De plus en plus de responsables d’organisations estiment également que l’application a fait son temps. Ceux de l’Association de l’industrie touristique du Canada réagissent de manière mesurée, sa présidente et directrice générale, Beth Potter, ayant annoncé récemment dans un article paru dans le Toronto Star : « L’application a fait son temps, et c’est le temps de passer à autre chose. Nous avons dit au gouvernement qu’il était temps de mettre sur pause l’utilisation actuelle de l’application ArriveCAN, et nous ne sommes pas les seuls. » En effet, ils ne le sont pas. Les dirigeants du Conseil national des lignes aériennes du Canada réclament le retrait de l’application, tout comme ceux du Syndicat des douanes et de l’immigration, qui représente les agents des douanes.

Lors de la récente panne de Rogers, de nombreux voyageurs canadiens étaient incapables d’utiliser l’application. Qu’est-il arrivé aux personnes qui tentaient de rentrer au pays? Les agents de l’ASFC ont utilisé le formulaire papier de coordonnées qui est remis aux voyageurs au point d’arrivée. Il n’est pas nécessaire que l’entrée au pays soit plus compliquée que cela.

Le ministre de la Sécurité publique a récemment déclaré que l’application avait la capacité de fonctionner au-delà de la pandémie, et que l’on pourrait s’en servir pour remplir des formulaires de douanes généraux afin de permettre de simplifier le passage aux douanes et de réduire les délais d’attente. Si c’est le cas, elle doit être mise à jour, pour que d’autres aéroports que les aéroports internationaux Pearson ou Vancouver soient ajoutés à la liste, ces derniers s’étant récemment vu attribuer cette fonction. À cette étape-ci, il est clair que le processus devrait être volontaire, et que les procédures douanières standard, notamment les formulaires papier, devraient être maintenues.

Les applications devraient être destinées à nous simplifier la vie. Elles nous fournissent des renseignements sur les bons restaurants locaux, et nous permettent de communiquer facilement au-delà des frontières, de nous orienter lorsque nous sommes perdus et d’apprendre une nouvelle langue. Néanmoins, il ne devrait jamais s’agir d’un aspect obligatoire de notre vie, et les applications ne devaient pas rendre les choses plus contraignantes pour les utilisateurs.