Canada's NDP

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21 septembre 2020

Le gouvernement doit se rappeler qu’il a du pain sur la planche

Avec la pandémie inattendue qui s’est abattue sur nous à la fin de l’hiver, il est facile d’oublier que le Parlement avait à peine entamé ses travaux au début de la 43e législature. En fait, après les élections fédérales de l’automne, il a fallu attendre jusqu’au 5 décembre pour que les députés se réunissent. Tout cela pour dire que les élus n’ont guère fait progresser de dossiers législatifs durant la première session de la présente législature. Aujourd’hui, nous nous préparons à un deuxième discours du Trône en un an et le dialogue de dernière minute amorcé avec les partis d’opposition ne donne pas l’impression que le gouvernement travaille en situation de minorité et qu’il doit obtenir le soutien de l’un des trois partis pour remporter le vote de confiance imminent. On en vient à se demander : veut-il même que le discours du Trône soit adopté?

Cette question aurait été plus grave il y a quelques mois, lorsque les sondeurs ont confirmé que les gouvernements en poste récoltaient les fruits des mesures de soutien relatives à la pandémie et que le Canada ne faisait pas exception à la règle. Puis la controverse de l’organisme UNIS a éclaté et la plupart des observateurs ont laissé entendre que cela refroidirait certainement les ardeurs électorales dans le camp du premier ministre. Mais on parle ici de quelqu’un qui a survécu à un scandale de « black face » en plein milieu d’une élection, alors le doute n’est peut-être pas aussi présent dans son camp que le suggèrent les observateurs.

En prorogeant le Parlement, le gouvernement a sonné le glas des comités qui se penchaient sur le scandale du groupe UNIS; il est donc impossible de savoir quel impact cela aurait eu sur les intentions des électeurs à l’égard d’une hypothétique élection à l’automne. Dans la foulée du scandale, les sondages ont démontré une chute de popularité du gouvernement et il n’est pas déraisonnable de penser que de nouvelles révélations pourraient éroder encore plus son soutien. Ce sont là des considérations importantes pour le parti au pouvoir, mais ce n’est pas une raison suffisante pour abandonner la 43e législature afin de les éviter.

Si le gouvernement veut gouverner, il a déjà la capacité de le faire. Ce qui est inquiétant, c’est qu’il semble plus soucieux de son propre sort que de celui des gens à qui la pandémie donne du fil à retordre – ou des gens qui avaient déjà du mal à s’en sortir avant. Pour aider ces personnes, le gouvernement doit tendre la main à l’opposition.

Or, à moins de deux semaines du discours du Trône, il semblerait que les journalistes en sachent plus sur son contenu que les partis d’opposition. On a certes vu, çà et là, quelques ballons d’essai évoquant des investissements dans le logement, la réforme de l’assurance-emploi et bien d’autres idées que, très franchement, les néo-démocrates proposent depuis des lustres. Toutefois, si le gouvernement veut vraiment donner suite à ces idées et obtenir des résultats pour les Canadiens, il a en face de lui un partenaire tout à fait disposé à l’épauler, mais, encore une fois, aucune communication n’a été tentée, ni officielle ni officieuse.

Par ailleurs, la majorité des électeurs au scrutin de l’année dernière ont soutenu les partis qui proposaient des mesures plus dynamiques pour lutter contre les changements climatiques. Depuis lors, le gouvernement n’a rien fait en matière de mesures concrètes, d’efforts ou même de discussions sur le sujet. Si nous sommes tous conscients qu’une pandémie peut nous obliger à modifier nos projets à court terme, notre capacité à éviter les pires conséquences des changements climatiques repose sur un échéancier de plus en plus serré. Un échéancier qui ne donne aucune occasion de se rattraper.

Les Canadiens ne peuvent se permettre d’attendre que les libéraux obtiennent le Parlement qu’ils préfèrent. Si la priorité devient le bien-être des partis politiques, autant admettre que nous n’accomplirons jamais de progrès dans les grands dossiers. Le discours du Trône ne sera pas facile, étant donné que les consultations et les négociations ont été lancées à la dernière minute. Le budget sera encore plus important à cet égard, et si le gouvernement fait cavalier seul, il y a fort à parier qu’il obtiendra les élections qu’il souhaite, aussi incroyable que cela puisse paraître. Cela dit, les Canadiens seront sans doute moins désireux de lui accorder ce qu’il veut quand ils se rendront compte que le gouvernement les considère surtout comme des complices de ses propres désirs.