Canada's NDP

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2 septembre 2020

Le gouvernement envoie un faux message aux régions qui luttent pour un meilleur accès Internet

J’ai écrit pas mal de choses sur les difficultés que nous éprouvons avec Internet dans le Nord, et pour de bonnes raisons. Aucune autre technologie n’a le pouvoir de transformer notre région et d’égaliser les chances entre les Canadiens des zones rurales et des zones urbaines autant que le service Internet haute vitesse. Nous le savons depuis que la technologie existe, mais après plus d’un quart de siècle, trop de régions et de vastes zones du Canada rural et nordique se débattent encore avec des services Internet lents, coûteux, voire inexistants. Lorsque nous examinons les raisons de cette situation, nous devons regarder au-delà des entreprises qui fournissent les services et nous questionner plutôt sur le gouvernement qui fournit la bande passante sur laquelle ces services s’appuient.

Les vieilles excuses concernant le coût et les défis géographiques ont été éliminées par d’autres pays, comme l’Australie, qui se heurtent à des obstacles semblables aux nôtres pour ce qui est d’offrir des services de qualité à des zones peu peuplées. L’ingrédient manquant est peut-être la volonté politique d’imposer des exigences aux grands fournisseurs d’accès Internet canadiens, mais rien dans les récentes actions du gouvernement ne laisse entendre qu’il est prêt à mettre ces entreprises au pas ou à se tourner vers d’autres modèles susceptibles de fournir un meilleur service en temps utile.

Il est difficile de connaître l’opinion du gouvernement en matière de services Internet. Bien qu’il donne souvent l’impression de vouloir fournir aux Canadiens le meilleur service à des prix abordables, ses actions nous amènent à d’autres conclusions. J’en veux pour exemple la façon dont il s’est rangé du côté des grandes entreprises de télécommunications du Canada dans leur appel d’une décision du CRTC d’août 2019 visant à réduire les tarifs de gros.

Pourtant, les Canadiens dépendent plus que jamais, étant donné la pandémie, d’une connexion Internet haute vitesse pour le travail, l’école et les services essentiels. Au lieu de fournir une connexion Internet rapide et fiable plus abordable aux Canadiens, le gouvernement s’inquiète de la perte de profits des riches sociétés de télécommunications. Il se place manifestement du mauvais côté, et les Canadiens méritent mieux.

Le problème dépasse largement les limites de la circonscription d’Algoma-Manitoulin-Kapuskasing ou même du Nord de l’Ontario. En effet, au Canada, 63 % des ménages ruraux n’ont pas du tout accès à Internet haute vitesse. Dans les Territoires du Nord-Ouest, au Yukon et au Nunavut, aucun ménage n’a accès au service à large bande. Avec la présente urgence de santé publique, la situation s’est aggravée pour les Canadiens des régions rurales et isolées, alors que nous devrions remuer ciel et terre pour améliorer leur situation. Ce qui est également décourageant, c’est que le gouvernement n’a pas envisagé d’autres méthodes pour fournir des services à ces régions.

À ce propos, la large bande gérée à l’échelon municipal, où l’accès Internet est fourni par la collectivité à ses habitants, est une solution qui ne reçoit pas suffisamment d’attention ou d’assistance. Si les coûts d’infrastructure sont généralement assumés par le gouvernement local comme solution de rechange aux réseaux privés, des fonds de démarrage du gouvernement fédéral pourraient aider ce type de service à progresser rapidement. Les projets pourraient ainsi démarrer et les profits qu’ils engendrent serviraient à rembourser la totalité ou la majeure partie des fonds de démarrage. C’est le choix qu’a fait la municipalité d’Olds, en Alberta (9 184 habitants), qui pourra rembourser entièrement en 10 ans, à l’aide des profits générés, les prêts qu’elle a reçus du gouvernement. Le coût s’élève à 21 millions de dollars, mais c’est un excellent investissement.

De toute façon, il faut que les choses bougent. Les grandes entreprises de télécommunications du Canada exercent de fortes pressions sur le gouvernement pour protéger leurs profits, et cela se voit. Les néo-démocrates n’ont cessé de rappeler le gouvernement à l’ordre dans ce dossier, en l’accusant de manquer de fermeté dans l’expansion du service et de tolérer des tarifs exorbitants, tant et si bien qu’il s’est résolu à inclure ces questions dans sa campagne, mais le moment d’agir étant venu, son énergie demeure concentrée sur les profits des entreprises.