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7 janvier 2022

Les principaux présidents-directeurs généraux du Canada passent au travers de la pandémie sans peine

Le premier jour de travail de la nouvelle année a revêtu une importance particulière pour les principaux PDG du Canada. Dès 11 h 17, selon un rapport du Centre canadien de politiques alternatives, leur rémunération a en effet dépassé le salaire moyen que les Canadiens mettront une année à accumuler. Le rapport indique également que la rémunération moyenne des 100 PDG les mieux payés n’a pas reculé en 2021 et qu’ils gagnent en ce moment 191 fois plus que le salaire moyen d’un travailleur canadien. Bon nombre de ces dirigeants d’entreprise ont une autre raison de se réjouir : le gouvernement n’exige pas qu’ils remboursent les sommes qu’ils ont reçues par l’entremise de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) et qu’ils ont utilisées pour s’octroyer des primes. Si le premier phénomène n’a rien de nouveau, le deuxième est particulièrement choquant parce que ces mesures financées par l’État visaient à préserver les emplois et non les régimes de primes. Cette situation est profondément injuste et témoigne du traitement préférentiel que le gouvernement actuel, tout comme ses prédécesseurs, réserve à l’élite du Canada en refusant systématiquement de lui demander des comptes.

La subvention salariale devait empêcher les mises à pied, mais ce n’est pas toujours ce qui s’est passé parmi les entreprises qui ont fait appel au programme. En fait, un grand nombre de dirigeants d’entreprise l’ont utilisée pour s’octroyer des primes ou, parfois, ont essayé de le faire. C’est le cas d’Air Canada. Elle a remboursé une partie des sommes lorsqu’elle a été contrainte par la honte de le faire. Le gouvernement a aussi versé à la compagnie aérienne 2 milliards de dollars pour rembourser les clients dont les vols avaient été annulés. Alors que l’entreprise mettait à pied des milliers de personnes qui ont dû se tourner vers les programmes d’aide, il y a un poste qui a été financé par les contribuables, celui du président et chef de la direction, Michael Rousseau, qui a reçu des millions de dollars en salaire.

Il est scandaleux qu’une telle chose se soit produite. Lorsque la subvention salariale a été créée, les néo-démocrates ont mis en garde le gouvernement : il ne fallait pas répéter les erreurs des plans de sauvetage offerts lors de la crise financière de 2008 à 2010. Pendant cette période, les banques canadiennes ont reçu des dizaines de milliards de dollars en aide gouvernementale, puis s’en sont servis pour s’octroyer des primes. Cette situation a bien illustré que les investissements du gouvernement devraient toujours être assortis de conditions. L’exemple de la subvention salariale montre que le gouvernement n’a pas compris cette leçon de la crise financière. On constate aussi que les deux partis qui accèdent traditionnellement au pouvoir n’arrivent pas à envisager la possibilité de tels comportements lorsqu’ils offrent de l’aide financière. Les néo-démocrates ont maintes fois souligné cet angle mort dans leur vision et proposé des solutions pour y remédier.

Nous devrons un jour nous attaquer à la dette contractée pendant la pandémie. La tâche peut sembler difficile, mais elle le sera encore plus si le gouvernement continue d’être dénué d’esprit critique à l’égard des grandes entreprises du Canada et du soutien qu’il leur a offert depuis deux ans. En permettant à des entreprises rentables de conserver les subventions qui ont été transformées en primes pour leurs dirigeants, le gouvernement alourdit le fardeau des petites entreprises et des particuliers qui respectent les règles. C’est une chose pour les entreprises d’être considérées comme trop importantes pour qu’on les laisse sombrer, mais c’en est une autre d’utiliser des fonds publics à des fins personnelles alors que la majorité de la population fait des sacrifices.

Cela rappelle le peu de mesures prises pour poursuivre les fraudeurs de l’impôt. Le problème s’explique notamment par la capacité d’agir en premier lieu. Même si le ministère qui retrace l’argent caché dans les paradis fiscaux à l’étranger permet de verser 5 dollars dans les coffres de l’État pour chaque dollar dépensé pour ces efforts, il n’est pas fortement soutenu. Il y a cinq ans, la publication des Panama Papers, qui ont dénoncé des adeptes de l’évitement fiscal à l’étranger, a montré ce problème. Les Pandora Papers qui ont suivi indiquent que le problème reste entier aujourd’hui.

Les deux dernières années ont été extrêmement difficiles pour les Canadiens. Bon nombre de petites entreprises ont été obligées de fermer, et de nombreux travailleurs ont vu leurs heures être réduites ou ont carrément perdu leur emploi. Les contrecoups n’ont toutefois pas été ressentis par tout le monde. Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel il y a six ans, les très riches n’ont fait que s’enrichir d’une année à l’autre alors que de plus en plus de Canadiens peinent à joindre les deux bouts. Le gouvernement aurait pu utiliser la dernière mise à jour économique pour régler une partie du problème. Il a plutôt laissé tomber la plupart des Canadiens. C’est pourquoi les néo-démocrates continuent de réclamer que les ultra-riches et les grandes sociétés paient leur juste part. La question est plus pressante que jamais dans le contexte de la relance après la pandémie.